Copé, un (bruyant) retour anticipé

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L’affaire Bygmalion a "réveillé" l’ancien patron de l’UMP, qui n’a pas apprécié que Nicolas Sarkozy se défausse sur lui.

"Je ne suis pas mort !" Jean-François Copé s’en amuse lui-même. Mis au ban de sa famille politique depuis l’explosion de la bombe Bygmalion, l’ancien patron de l’UMP a pris du temps pour se reconstruire, seul, à l’abri des caméras. Une traversée du désert qui va bientôt prendre fin. "La diète médiatique est bientôt finie", assure-t-il, les yeux rivés vers janvier 2016, date de sortie de son prochain livre. Mais certains indices laissent à penser que Jean-François Copé est d’ores et déjà de retour dans l’arène.

Des réunions avec des élus tous les mardis. "Il n’est jamais parti, il a toujours réuni autour de lui des parlementaires", s’offusque faussement un de ses proches. Mardi dernier, ils étaient en effet une centaine à l’écouter dérouler ses propositions sur le Code du travail. Chaque semaine, Copé a ainsi gardé le contact avec la politique nationale via ces parlementaires-relais, pendant que lui "sillonnait la France à la rencontre des Français", comme aime à le rappeler son entourage.

Bygmalion, point de départ de la colère. Mais cet été a marqué un tournant dans sa stratégie du silence. "Le fait qu’il ait été entendu, en audition libre, dans l’affaire Bygmalion, a été un déclencheur pour lui", croit savoir un de ses proches. Et quand il apprend que Nicolas Sarkozy l’a chargé dans les grandes largeurs devant les juges, Jean-François Copé voit rouge. La Guerre froide entre les deux hommes se réchauffe alors à vitesse grand V.

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Copé-Morano vs Sarkozy. Le député-maire de Meaux voit dans l’affaire Morano un bon moyen de s’opposer frontalement à Nicolas Sarkozy. En plein bureau politique, alors que l’ensemble (ou presque) de la famille LR s’est désolidarisée des propos de l’eurodéputée sur "la France de race blanche", Jean-François Copé vole à son secours. Les échanges sont plus que virils entre les deux hommes. "C’est parti en vrille", confie un sarkozyste présent à cette réunion. Ce n’était que le premier round.

Copé derrière la charge de Lavrilleux ? Le second est bien plus violent encore. Dans un entretien à L’Obs, publié mercredi, Jérôme Lavrilleux, l'ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé, s’en est pris frontalement à Nicolas Sarkozy, "un menteur" : "Il ne faudrait plus appeler cette affaire 'Bygmalion', mais celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy", assène l’eurodéputé. De là à imaginer que Lavrilleux a agi sur ordre - ou avec la bienveillance - de Jean-François Copé, il n’y a qu’un pas qu'un élu proche des deux hommes n’est pas loin de franchir : "cela ne m’étonnerait pas… Copé est très très énervé et Jérôme est toujours très proche de lui".

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Si les sarkozistes ont tenté de minorer la portée de cet entretien de Lavrilleux - "pour qu’il sorte du bois, c’est qu’il doit se sentir acculé" -, le retour de Copé ne les laisse pas indifférents pour autant. "La rentrée de Châteaurenard, avec 45 parlementaires derrière Copé, a mis la puce aux oreilles des sarkozystes. Jusqu’ici, ils se disaient : ‘on n’a plus besoin de le calculer’. Maintenant, ils savent qu’il est encore là", analyse un élu copéiste. "Là", et peut-être encore un peu plus dans les semaines à venir.

Candidat en 2016 ? Car Jean-François Copé se prépare. "Il ne sait pas aujourd’hui s’il sera candidat à la primaire. Mais si la situation se présente, alors il sera prêt", décrypte un de ses lieutenants. Un livre "personnel et programmatique" au début de l’année - "mon ouvrage le plus abouti", confie Copé en privé -, des parlementaires prêts à le parrainer, des militants qui n’attendent qu’un mot du chef pour aller courir les marchés, la fusée est sur orbite. "Copé est dans une stratégie d’attente : si Sarkozy est empêché par des ennuis judiciaires, alors il sera prêt !", décrypte un proche.

Les deux hommes ne se parlent plus depuis le mois de juillet dernier. Brice Hortefeux tente, vaille que vaille, de faire le lien entre eux. Comme Jérôme Chartier, lieutenant de François Fillon, qui a déjeuné avec Copé la semaine dernière, ce dernier souhaitant se rabibocher avec son meilleur ennemi. A moins que Sarkozy n’ait volé cette étiquette à son ancien "collaborateur".