Conseil de défense écologique : "Une manière de repousser les décisions" pour Delphine Batho

Delphine Batho s'est montrée peu convaincue par le conseil de défense écologique voulu par Emmanuel Macron.
Delphine Batho s'est montrée peu convaincue par le conseil de défense écologique voulu par Emmanuel Macron.
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La députée des Deux-Sèvres a vertement critiqué, samedi sur Europe 1, le conseil de défense écologique mis en place par Emmanuel Macron.
INTERVIEW

C'est l'un des dispositifs qui a émergé du grand débat national. Emmanuel Macron va mettre en place un conseil de défense écologique, composé de citoyens chargés d'établir des propositions concrètes en matière de protection de l'environnement. Et cela ne convainc guère les écologistes. Après David Cormand vendredi, c'est Delphine Batho qui a vertement critiqué l'initiative sur Europe 1.

Pour la députée des Deux-Sèvres en effet, "c'est une manière de repousser les décisions à plus tard". Cette assemblée citoyenne est "dérisoire", a-t-elle regretté au micro de Bernard Poirette samedi matin. "Le rapport sur l'état du climat, du monde et de la nature, toutes les données scientifiques existent. On n'a pas aujourd'hui un problème de connaissance des problèmes, tout est sur la table et les constats scientifiques sont dramatiques et implacables." Par conséquent, estime la présidente de Génération Écologie, "les solutions et les actions, les changements à déployer doivent être rapides, radicaux".

Supprimer des liaisons aériennes

Elle-même en suggère quelques uns, notamment la suppression de liaisons aériennes. "Quelle est la justification aujourd'hui d'une liaison aérienne entre Paris et Marseille alors qu'en TGV vous y êtes en trois heures ?", a demandé l'élue, tout en reconnaissant que cela posait un problème financier. "Souvent, le problème posé est le prix du train. Il est totalement anormal que sur beaucoup de destinations, un trajet en avion soit aujourd'hui moins cher que le train puisque le kérosène des avions n'est pas taxé. On est aujourd'hui dans un système où la pollution ne compte pas, où la destruction de la nature, du climat, est gratuite."

Plus généralement, l'attitude des gouvernements n'est pas vertueuse et peu susceptible de faire bouger les lignes, estime Delphine Batho. "Ils ne veulent pas dépasser leurs contradictions. Ils font des déclarations d'intention qui sont beaucoup de faux-semblants parce qu'ils restent dans une vision du monde où le plus important est la croissance économique, l'argent. Or, l'augmentation du PIB est aujourd'hui un indice de destruction de la nature. Donc il est vrai que ce qui est en cause est un changement de modèle profond."