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Yanis Darras , modifié à
Christophe Guilluy, géographe, essayiste et auteur de l'essai "Les dépossédés", était l'invité de La Grande interview Europe 1-CNews. Au micro de Sonia Mabrouk, il est revenu sur le décalage toujours plus important des élites françaises et européennes avec le peuple. Et juge que "ceux qui font tenir la société, ce sont les travailleurs". 

Gilets jaunes, blocages des agriculteurs... Les mouvements sociaux se multiplient ces dernières années. Ces derniers jours, les blocages des agriculteurs, largement soutenus par la population, soulèvent une nouvelle fois la question de la représentation en France et en Europe.

 

Rupture profonde

Les exploitants dénoncent la multiplication des normes, notamment environnementales, la concurrence déloyale à travers les accords de libre-échange et leur faible rémunération. Interrogé ce jeudi matin sur le plateau de La Grande interview CNews-Europe 1, le géographe et auteur de l'essai "Les dépossédés" Christophe Guilluy estime que ce mouvement marque profondément la rupture entre le peuple et sa représentation.

"Toutes les représentations académiques, audiovisuelles, cinématographiques tendent à conforter l'idée que la métropolisation est l'horizon indépassable. Quand je dis métropolisation, je dis modèle néolibéral. Et c'est pour ça que tout ça est très lié à la rupture anthropologique entre ces élites, ces catégories supérieures et le peuple", juge-t-il au micro de Sonia Mabrouk. 

"Une société cohérente, c'est une société où il y a un lien entre le haut et le bas"

"Parce que vous n'êtes plus en lien avec la société elle-même. On vous fait croire que toutes ces révoltes, tous ces coups de butoir, représentent les marges de la société. En réalité, elles ne représentent pas les marges de la société, elles sont la société elle-même. Il faut bien avoir en tête une chose, c'est que quand je dis France périphérique, c'est un constat finalement géographique. La réalité, c'est que ceux qui font tenir la société sont ces gens ordinaires, sont ces petits travailleurs. Sans ces employés, sans ces ouvriers, sans ces paysans, la société ne tiendrait pas sans ça", insiste-t-il. 

Et d'ajouter : "Or, une société cohérente, c'est une société où il y a un lien entre le haut et le bas, où ça circule. Mais à partir du moment où vous avez des catégories supérieures qui tournent le dos à cette société ordinaire, eh bien elle s'autodétruit sans le savoir".