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Charles Guyard (sur place), édité par Juliette Moreau Alvarez
La France connaît un épisode de grippe aviaire sans précédent. Ce jeudi, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau s'est rendu à la Roche-sur-Yon en Vendée pour échanger avec les éleveurs de la filière. Ces derniers, à bout de souffle, attendent du gouvernement des décisions concrètes pour endiguer l'épidémie.

C'est probablement le pire épisode de grippe aviaire que connait l'Europe : plus de 50 millions de volailles ont été décimées cette année. Et la France en paie un lourd tribut, puisque près de la moitié de ces animaux se trouvait dans l'Hexagone. En Vendée, l'un des départements où l'on produit le plus de volailles, le bilan est lourd. C'est dans ce département, à la Roche-sur-Yon, que le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est rendu ce jeudi pour rencontrer les acteurs de la filière, à bout de nerfs. 

"Il y a beaucoup de souffrance"

Une trentaine d'éleveurs était amassée devant la préfecture, malgré la pluie, pour l'arrivée du ministre. Tous ont subi de plein fouet la grippe aviaire. Éric Coutant, vice-président de la chambre d'agriculture de la Vendée, explique la situation. "Vous allez voir vos animaux le soir, tout va bien et le lendemain matin, vous arrivez et il y a déjà une grande partie du troupeau qui est décimé. C'est d'une violence extrême", raconte-t-il.

Laurent, producteur de poules pondeuses à Mouilleron-en-Pareds, a été lourdement touché par la maladie en mars dernier. "En deux jours de temps, le bâtiment était contaminé entièrement, et trois jours après, il n'y avait plus une poule de vivante. Je peux vous dire que quand vous rentrez dans un bâtiment et vous voyez vos 30.000 poules mortes, c'est horrible."

Un réel "traumatisme" pour les éleveurs. "Il y a beaucoup de souffrance, d'usure psychologique", explique Éric Coutant. Face à l'ampleur de l'épidémie, certains baissent les bras. "On a aussi des éleveurs qui n'ont plus la force de continuer à faire de la production de volailles."

La filière attend des décisions du gouvernement 

Aujourd'hui, Éric Coutant veut une solution concrète. "Il y a des vaccins qui existent, il faut à un moment les déployer. Ça fait quand même trois ans que ça dure. Au bout de trois ans, la patience des éleveurs commence un peu à s'émousser." Sans prise de décisions, les éleveurs ont peur de l'arrivée de la concurrence, notamment du "poulet polonais", souligne le vice-président vendéen. 

Il n'est pas seul. Guy Hervé, éleveur dans les Deux-Sèvres, veut ce fameux vaccin. "Là, on est en train de détruire toute profession, toutes volailles. Les canards, la dinde, la pintade, la poule pondeuse... Pour la salmonelle, il y a déjà des vaccins mis en place. Donc vacciner les animaux, ce ne serait pas un problème, il nous faut juste le vaccin."

Avec ce déplacement du ministre, très attendu, la filière espère être entendue. "Il y a un enjeu de souveraineté alimentaire qui est clairement posé sur la question de la production de volaille. Nous, on attend vraiment que le ministre fasse un déplacement dans lequel il vient avec un cartable plein de décisions".