Bureau politique de l'UMP : opération déminage pour Sarkozy

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Nicolas Sarkozy le 15 mai 2015. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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NÉGOCIATIONS - La composition du futur "gouvernement" du parti est l'objet de toutes les convoitises.

Depuis qu'il est président de l'UMP, le déminage est devenu une occupation à temps plein pour Nicolas Sarkozy, soucieux de montrer une image de rassembleur de sa famille politique. Après avoir accepté les conditions posées par les candidats à la primaire et le principe d'un vote sur le nouveau nom du parti, l'ancien chef de l'Etat doit à nouveau gérer les subtils équilibres internes de l'UMP. Les ténors du parti doivent en effet se mettre d'accord sur la composition du futur bureau politique, qui sera élargi en passant de 61 à une centaine de membres, et renouvelé lors du congrès prévu le 30 mai.

Les ténors veulent placer leurs protégés. Ce sont les militants qui éliront le nouveau "BP", mais le principe d'une liste unique a été acté pour éviter de transformer le vote en compétition interne. Reste maintenant à choisir les heureux élus. L'enjeu est important car le bureau politique, c'est en quelque sorte le gouvernement de l'UMP. Nicolas Sarkozy a récemment imposé qu'il se réunisse désormais chaque semaine. Et les "chapeaux à plumes" du parti souhaitent évidemment y être représentés le mieux possible.

Selon Le Figaro, Bruno Le Maire, fort de son score de 29% lors de l'élection à la présidence de l'UMP, a ainsi réclamé un quart des sièges à Nicolas Sarkozy. Une information démentie par l'entourage du député de l'Eure. "Il a simplement proposé une liste de vingt noms, à la demande de Nicolas Sarkozy", explique-t-on. Alain Juppé aussi compte bien être solidement représenté. Et selon plusieurs journalistes, le maire de Bordeaux n'a pas obtenu gain de cause dans un premier temps.

Un "Yalta" de l'UMP. La composition de la liste doit être validée mardi soir au bureau politique. Mais pour déminer les tensions en amont, Nicolas Sarkozy a convié le matin même les principaux ténors de l'UMP pour discuter du sujet. Comme l'a révélé L'Opinion, le président de l'UMP a invité Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand et Jean-Pierre Raffarin, ainsi que les numéros deux et trois du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez.

Une sorte de Yalta de l'UMP, puisque l'objectif est bel et bien de se partager les places, sans créer de vagues qui pourraient saper l'unité. "Tout ça se fait de façon fluide", assure-t-on dans l'entourage de l'un des invités. "C'est toujours difficile de prendre ces décisions, chacun doit faire un effort", exhorte pour sa part un député membre du bureau politique. "Après, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. A partir du moment où on s'est mis d'accord pour acter la primaire, le bureau politique devient un sujet secondaire", veut-il croire.

La difficile équation de la parité. Les places seront d'autant plus chères qu'il a été décidé de confier 40 sièges à des élus non parlementaires et à des représentants de fédérations locales, peu présents dans l'actuel bureau politique. Mais surtout, comme l'a annoncé Nathalie Kosciusko-Morizet en avril, l'élection du bureau politique sera désormais paritaire. Or, l'instance compte actuellement 43 hommes pour seulement 18 femmes.

Certains membres actuels craignent donc de prendre la porte. Quant aux ténors de l'UMP, ils sont partis à la recherche de représentants féminins. Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand ont ainsi constitué des listes paritaires, rapporte Le Monde. Tout l'enjeu pour l'UMP, c'est de "faire monter" des femmes, alors que le parti paie quatre millions d'euros par an pour non-respect de la parité aux élections législatives. Très endettés, les futurs "Républicains" espèrent ainsi limiter la casse au scrutin de 2017.