Baroin, l’arme anti-Juppé de Sarkozy

© LIONEL BONAVENTURE / AFP
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Aurélie Herbemont et B.B
Le maire de Troyes n’a jamais digéré d’avoir été évincé du gouvernement par Juppé, en 1995.

Invité dominical du Grand rendez-vous d’Europe 1, François Baroin, le patron de l'Association des maires de France (AMF), devrait en profiter pour officialiser son soutien à Nicolas Sarkozy, avec Matignon en ligne de mire en cas de victoire du patron LR à la présidentielle. Un soutien de poids. D’autant plus que, politiquement, le député-maire de Troyes "aurait dû" marcher dans les pas de Juppé. Problème : les deux hommes ne s’apprécient pas.

"Je ne pourrai jamais lui pardonner". Logiquement, le "fils préféré" de Jacques Chirac - Baroin -  aurait dû suivre "le meilleur d'entre nous" - Juppé. Sauf que le maire de Troyes n'a jamais pardonné à Alain Juppé de l'avoir sorti du gouvernement. C’était il y a 20 ans, en même temps que les "juppettes". "Il m'a viré du gouvernement comme un malpropre, sans un mot. Je ne pourrai jamais lui pardonner. Qu'il ne compte pas sur moi pour lui faire le moindre cadeau", a-t-il lâché, selon des propos rapportés par le Canard enchaîné.

D’autant plus qu’il reproche également d'avoir poussé pour faire de Bruno Le Maire le remplaçant de Christine Lagarde (partie à la tête du FMI) à la tête du ministère de l'Économie, en 2011. "Même s'il est élu président de la République, je ne veux plus être mis sous la tutelle de cet homme-là." Une rupture qui semble définitive.

"Sarkozy à l'Elysée, Baroin à Matignon". François Baroin parie donc aujourd'hui sur Nicolas Sarkozy, avec qui il a pourtant été souvent en désaccord par le passé. Et ce dernier est ravi de montrer que les chiraquiens ne sont pas tous juppéistes. Le patron des maires de France sera donc placé en première ligne dans la campagne de l'ancien président. Au point que l'hypothèse d'un ticket "Sarkozy à l'Elysée, Baroin à Matignon" circule. Mercredi, en marge du congrès de l’AMF, l'ancien président a même quasiment vendu la mèche aux côtés de son allié : "merci François de ta présence. Il y a quelque chose qui me dit que l’on va avoir à travailler ensemble dans les semaines qui viennent".

Le tacle de Juppé. Le secret est tellement mal gardé que, la semaine dernière, c'est Alain Juppé, en déplacement au Maroc, qui ironisait sur ce probable ticket : "L’un des candidats possibles a déjà annoncé son Premier ministre, enfin pour l’instant…Ce n’est pas tout à fait la tradition française". Nicolas Sarkozy appréciera la leçon de son rival. Une chose est sûre, Alain Juppé, lui, n'a pas l'intention de faire de François Baroin un premier ministre potentiel. "François Baroin est un aigri qui m’en veut (...). Je n’ai pas soutenu sa candidature pour le ministère de l’Economie en 2011 parce que je pensais qu’il n’avait pas la carrure."*

*Propos tirés du livre de Gaël Tchakaloff, Lapins et merveilles, éditions Flammarion, 265 pages, 19 euros.