François Baroin, l'atout chiraquien de Nicolas Sarkozy

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© JACQUES DEMARTHON / AFP
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LES DEUX FONT LA PAIRE - Le président des Républicains s'apprêterait à former un ticket avec son ancien ministre de l'Economie pour briguer l'investiture à droite. Jeune, populaire, chiraquien : François Baroin serait un soutien de poids.

Nicolas Sarkozy n'a jamais été homme de patience. Mercredi, l'ancien président en a de nouveau fait la preuve avec une petite phrase qui n'est pas passée inaperçue. "Quelque chose me dit que nous allons avoir à travailler ensemble dans les prochaines semaines", a déclaré le patron des Républicains à François Baroin. Ce faisant, il a quasiment acté que les deux hommes, réunis à l'occasion du Congrès des maires de France, s'élanceraient côte à côte dans la primaire à droite.

Toujours populaire. Ce ticket, prévu depuis plusieurs semaines par les observateurs de la vie politique, ne doit rien au hasard. En choisissant François Baroin, Nicolas Sarkozy fait en effet le choix de la fraîcheur. À 50 ans, le président de l'Association des maires de France (AMF) fait partie des jeunes qui peuvent donner l'image d'un renouvellement de la vie politique –quand bien même ils sont élus depuis 1993. Et cette jeunesse (relative) ne va pas sans expérience : ministre du Budget, porte-parole du gouvernement, ministre de l'Économie… François Baroin a exercé à des postes importants. En outre, le sénateur-maire de Troyes reste populaire. Le dernier baromètre Ifop pour Paris Match le place ainsi en 14ème position des personnalités politiques les plus appréciées. C'est derrière Manuel Valls ou Xavier Bertrand, mais devant Najat Vallaud-Belkacem et, surtout, Nicolas Sarkozy lui-même.

Complémentarité. Jeune, populaire, François Baroin a aussi l'avantage de plaire à un électorat différent de celui qui plébiscite déjà Nicolas Sarkozy. Son positionnement plus "centriste" sur certains sujets, notamment sociétaux, vient contrebalancer la ligne très à droite du patron des Républicains, et pourrait permettre à ce dernier d'élargir sa base électorale. François Baroin s'est par exemple illustré en fustigeant le débat sur l'identité nationale lancé par son propre camp. Ou en recommandant, via l'AMF, de ne pas installer de crèches dans les administrations publiques au moment de Noël, leur présence n'étant "pas compatible avec la laïcité".

Un discours aux antipodes de celui d'un Nicolas Sarkozy ou d'un Eric Ciotti, qui rappellent à intervalles régulières les "racines chrétiennes" de la France. Si de telles divergences pourraient bien occasionner de réelles difficultés en pleine campagne, Nicolas Sarkozy comme François Baroin semblent, pour l'instant, faire le pari de la complémentarité.

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Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. C'est que les deux hommes partagent aussi un sentiment plus fort que leurs divergences : l'irrépressible envie de voir perdre Alain Juppé. La logique aurait pourtant voulu que le maire de Troyes, très proche de Jacques Chirac, se range derrière le maire de Bordeaux, que Chirac désignait comme "le meilleur" d'entre eux. Mais chez François Baroin, le ressentiment a pris le pas sur la logique depuis des années. Le maire de Troyes reproche à Alain Juppé de ne pas l'avoir soutenu pour exercer des fonctions dans les gouvernements de droite de 1995, puis de 2002. Mais aussi d'avoir poussé pour faire de Bruno Le Maire le remplaçant de Christine Lagarde (partie à la tête du FMI) à la tête du ministère de l'Économie, en 2011.

Si c'est bien François Baroin qui a fini par atterrir à Bercy, celui-ci n'a pas pardonné à l'ancien Premier ministre de l'avoir trouvé trop frêle pour le poste. "Je ne travaillerai plus jamais pour [Juppé]", s'exclamait-il dans Lapins et merveilles, de la journaliste Gaël Tchakaloff. "Même s'il est élu président de la République, je ne veux plus être mis sous la tutelle de cet homme-là."

Soutien des maires. Enfin, en arrachant le soutien de François Baroin, Nicolas Sarkozy obtient surtout celui du président de la puissante AMF. Les maires, premiers relais de la parole des dirigeants politiques de leur bord, qui jouissent souvent d'une popularité plus importante que les élus nationaux, sont des soutiens indispensables. Pour un candidat à la primaire, bien entendu, mais aussi pour un candidat à la présidentielle. Leur promettre de placer François Baroin à Matignon s'il était élu permettrait à Nicolas Sarkozy d'envoyer aux édiles un signal fort.