Le Sénat veut consulter les maires. 1:34
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Hadrien Bect et Matthieu Bock, édité par Antoine Terrel , modifié à
Les sénateurs veulent entendre les maires, de plus en plus confrontés à des violences et des menaces sur le terrain. 

Face au désarroi des élus locaux, le Sénat veut agir. Alors que la mort du maire de Signes Jean-Mathieu Michel, renversé par une camionnette alors qu'il tentait d'empêcher deux hommes de déverser des gravats sur un chemin privé, a suscité l'émotion dans la classe politique, la commission des Lois de la Haute assemblée a annoncé le lancement, dès la semaine prochaine, d'une grande consultation des maires sur les menaces et agressions auxquels ils sont confrontés.

"C'est notre rôle"

Ainsi, dans quelques jours, tous les élus recevront un questionnaire dans leur boîte aux lettres et pourront également répondre à une consultation en ligne sur le site du Sénat. Car entre menaces, incivilités et agressions, les sénateurs veulent pouvoir quantifier le phénomène. "La question de la sécurité n'a pas été traitée en tant que tel jusqu'à présent", déplore au micro d'Europe 1 Philippe Bas, le président LR de la commission des Lois. Selon lui, "on parle beaucoup du statut des maires, de leur formation, de leurs droits sociaux, et moins de ces conditions d'exercice au quotidien qui sont parfois assez dissuasives". 

Les réponses seront reçues jusqu'au 15 septembre, puis la commission procédera à une série d'auditions. Cette consultation, lancée en quelques heures, sera menée conjointement avec l'Association des maires de France, et son président, le LR François Baroin. "C'est notre rôle", assure Philippe Bas. D'autant que la loi sur le statut de l'élu arrivera en octobre sur le bureau des sénateurs, sans oublier les élections municipales de mars 2020. "Ça nous permettra d'apporter notre pierre à l'édifice" explique un conseiller, tandis qu'un sénateur sourit : "ça permet aussi de montrer que la droite s'occupe des maires".

De nombreux maires ne veulent pas se représenter en 2020

Cet exercice pourrait rassurer des maires dont beaucoup sont découragés. Pour les municipales de 2020, on estime ainsi que la moitié des élus ne se représenteront pas, dont un tiers en raison de relations conflictuelles avec leurs administrés. En première ligne sur le terrain, nombreux sont ceux à avoir déjà subi des altercations voir même des agressions. Jean-Marc Bergia, maire de Saubens, en Haute-Garonne, a lui été attaqué par deux hommes alors qu'il était en conflit avec des membres de la communauté des gens du voyage qui voulaient s'installer sur un terrain municipal. "J'aurais pu prendre un coup de couteau, être tabassé, on peut tout imaginer avec des gens qui sont déterminés", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Il faut avoir en tête cette possibilité pour ne pas se mettre en danger', dit-il encore, dénonçant "un Etat de non-droit qui s'installe". 

"J'ai été menacée de mort en octobre 2017", témoigne de son côté Catherine Gatignol, qui a pris la décision de ne pas se représenter aux prochaines élections. "On est désarmés face à cette dégradation de la fonction", regrette-t-elle.