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avec AFP / Crédit photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP , modifié à
Face aux appels à la démission, la ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra a demandé ce lundi de clore "le chapitre attaques personnelles" au sujet de la scolarisation de ses enfants dans le privé, dans l'espoir d'éteindre la première crise du gouvernement de Gabriel Attal.

Première semaine, premier cas d'école. À peine promue à l'Éducation nationale, "AOC" est déjà sur la défensive. Obligée de se justifier sur l'inscription de ses trois fils à l'école Stanislas, prestigieux établissement privé des beaux quartiers de la capitale. Choix motivé par "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, a-t-elle expliqué dans un premier temps. Propos vécus comme une provocation par les syndicats, au point que la ministre a aussitôt battu sa coulpe, disant "regretter" d'avoir "pu blesser certains enseignants".

Vives réactions des oppositions

Peine perdue, car la deuxième salve n'a pas tardé: dimanche soir, le journal Libération a mis à mal la défense de la ministre, contredite par plusieurs témoignages. Ceux-ci démentent l'absence invoquée d'instituteurs et soulignent la volonté d'Amélie Oudéa-Castéra de faire sauter une classe à l'aîné de la fratrie. Révélations dont les oppositions n'ont pas manqué de se saisir pour attaquer la ministre.

"C'est un mensonge qui la disqualifie pour continuer à occuper cette fonction", a ainsi affirmé l'insoumis Manuel Bompard sur franceinfo, tandis que le communiste Fabien Roussel a estimé sur le réseau social X qu'"il est temps de démissionner" car "les jours passent et les mensonges s'accumulent". Analyse partagée sur Radio J par le député écologiste Benjamin Lucas, pour qui la ministre "a menti". "Il faut qu'elle parte" afin d'"envoyer un signal d'apaisement à la communauté éducative qui ne va pas bien", a-t-il estimé.

À l'autre bout de l'échiquier politique, le député Rassemblement national Julien Odoul s'est également lâché sur LCI contre ces "ministres qui mentent allègrement comme Amélie Oudéa-Castéra", jugeant qu'elle est déjà "discréditée" et "qu'elle devrait partir". Son collègue Jean-Philippe Tanguy a insisté sur BFMTV et RMC : "Si la ministre a menti, je ne vois pas comment elle peut continuer son action publique".

"Attaques personnelles"

"Je ne veux pas aller plus avant sur le terrain de la vie personnelle et de la vie privée. Il y a des attaques auxquelles j'ai essayé de répondre avec le plus de sincérité possible. Il faut clore ce chapitre des attaques personnelles et de la vie personnelle", a répondu la ministre, également chargé de la jeunesse et des sports, à l'issue d'une visite sur le village olympique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Mais les rares soutiens de la ministre peinaient à cacher leur embarras, à l'image de la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, qui a botté en touche sur France Inter : "Je ne sais pas si elle a menti, je dis simplement qu'elle a expliqué pourquoi son fils a été scolarisé dans le privé". Tout comme le chef de file des députés Renaissance, Sylvain Maillard, qui a jugé sur Sud Radio qu'Amélie Oudéa-Castéra "a été très claire" en expliquant "pourquoi elle avait voulu changer" du public au privé.

Rencontre avec les syndicats de l'enseignement

C'est dans ce contexte qu'elle doit commencer à rencontrer les syndicats de l'enseignement lundi à la mi-journée, pour évoquer les priorités de son ministère dont sans doute le sujet de l'absentéisme et des remplacements. Une prise de contact déjà sous la menace de grèves annoncées pour le 25 janvier et le 1er février. Cette polémique contrarie les plans de l'exécutif, moins d'une semaine après un remaniement censé lui donner un nouveau souffle incarné par Gabriel Attal. D'autant plus qu'ancien titulaire de l'Éducation, il a assuré qu'il serait le "garant" de la "priorité absolue" accordée à l'école.

L'affaire est aussi un caillou dans la chaussure d'Emmanuel Macron, qui considère que le sujet "fait partie du domaine réservé du président", et doit préciser mardi soir lors d'une conférence de presse comment il entend mener à bien le "réarmement" du pays, qui pourrait passer par des annonces en matière d'éducation.