Affaire Fillon : les campagnes à l'épreuve des "boules puantes"

Penelope Fillon aurait exercé un emploi fictif.
Penelope Fillon aurait exercé un emploi fictif, selon le Canard Enchaîné © AFP
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Antonin André , modifié à
Selon le Canard Enchaîné, Pénélope Fillon aurait été rémunérée en tant qu'attachée parlementaire sans en exercer la fonction. Les révélations du genre sont courantes lors d'une présidentielle.

L'affaire embarrasse bien au-delà du couple Fillon. Selon le Canard Enchaîné, l'épouse du candidat à l'élection présidentielle aurait perçu 500.000 euros en tant qu'attachée parlementaire, alors qu'elle n'en aurait pas réellement exercé la fonction. Le fait que ce présumé emploi fictif soit révélé trois mois avant le premier tour de la présidentielle n'est guère surprenant : les "boules puantes" et les scandales politiques ont souvent rythmé les campagnes présidentielles.

Suicide de Pierre Bérégovoy en 1993. En 2007, Nicolas Sarkozy est ainsi mis en cause pour un rabais présumé de 300.000 euros sur un appartement acheté à Neuilly avec, en bonus, travaux gratuits fournis par le promoteur. Cette affaire, qui l’avait rendu furieux, ne l’avait nénanmoins pas empêché de l’emporter contre Ségolène Royal. Quelques mois avant la présidentielle de 2002, Jacques Chirac, lui, avait été soupçonné d'avoir acheté des billets d'avion. "Les affaires, elles font pshit...", avait-il rétorqué. Edouard Balladur n'a pas remporté l'élection présidentielle de 1995 mais a aussi été éclaboussé par l'affaire Schuller-Maréchal, qui concernait de fausses factures sur les HLM des Hauts-de-Seine.

Mais les conséquences de telles révélations sont parfois beaucoup plus dramatiques. Comme lors de la campagne des législatives, quand le chef de la majorité Pierre Bérégovoy se suicide le 1er mai 1993 : il ne supporte pas que sa probité soit mise en cause dans l’affaire d’un prêt remboursé d’un million d’euro pour l’achat de son appartement.

Timing douteux. A chaque fois, la sortie d'une affaire alimente les soupçons d'instrumentalisation politique. Pour Pierre Bérégovoy, la gauche sombre aux législatives de 1993, en raison notamment des accusations d’affairisme. L’affaire Schuller-Maréchal en 1995 plombe Balladur et profite à son rival Jacques Chirac, alors que les révélations sur l’appartement de Nicolas Sarkozy tombent début février, quand son adversaire plonge dans les sondages.

Le timing de ces affaires et les effets dévastateurs qu’elles peuvent provoquer posent évidemment la question de l’instrumentalisation politique. Cela exige non pas de ne pas en parler, mais de les considérer avec précaution.