À Liévin, Valls se place sous le patronage de Mitterrand et du monde ouvrier

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Manuel Valls a notamment agité le spectre de 2002, sur une terre où la gauche a dû s'éclipser aux régionales. © DENIS CHARLET / AFP
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Kevin Thuilliez avec AFP , modifié à
À deux semaines du scrutin, l'ancien Premier ministre, favori pour la primaire de la gauche, s'est essentiellement adressé à l'électorat ouvrier lors de son déplacement à Liévin.
REPORTAGE

Manuel Valls a rendu hommage à François Mitterrand, dimanche, lors d'un meeting dans le fief socialiste de Liévin, dans le Pas-de-Calais, convoquant la figure de l'ancien chef de l'Etat pour mobiliser contre une éventuelle présence du Front national au deuxième tour de l'élection présidentielle.

Le "scénario catastrophe". "Je ne veux pas que la France revive, que nous revivions 2002", a lancé l'ex-Premier ministre, candidat à la primaire organisée par le PS, dans la salle de l'hôtel de ville de cette cité ouvrière, là même où François Mitterrand, décédé il y a 21 ans, avait prononcé l’un de ses derniers grands discours en novembre 1994. Le candidat a mis en garde contre le "scénario catastrophe" pour le "peuple de gauche" d'un deuxième tour de la présidentielle entre François Fillon et Marine Le Pen, envisagé par les sondages : un choix "entre une droite dure, conservatrice, un candidat qui se réclame de Margaret Thatcher et l'extrême droite qui ruinerait le pays".

Une salle clairsemée. "Je ne veux pas que vous reviviez la dureté des dernières élections régionales où, dans les Hauts-de-France, la gauche a dû céder la place, prendre ses responsabilités, avec dignité, mais le cœur lourd, pour sauver l'essentiel", a-t-il dit, en référence au retrait de la gauche aux régionales de décembre 2015. "Je dis cela, avec encore plus de force, ici, dans cette salle François Mitterrand!", a lancé Manuel Valls, devant un public d'environ 200 personnes, soit moitié moins qu'espéré par son équipe.

L'échec de l'UE. En rendant hommage au "monde ouvrier" et à ses valeurs de "labeur", sur ce territoire traumatisé par les fermetures d'usines, il a notamment critiqué l'Union européenne, "qui ne nous protège pas suffisamment". "Nous avons fait l'Europe pour être plus forts ensemble [...] mais nous nous sommes affaiblis collectivement", a jugé l'ancien chef du gouvernement. "Les peuples, vous le voyez bien ici, n'y comprennent plus rien".

Hamon dans le viseur. Manuel Valls a aussi opposé sa proposition d'un "revenu décent" de 800 euros mensuels sous condition de ressources au "revenu universel" porté par l'ancien ministre de l'Education Benoît Hamon, qui est "impossible à financer" et qui serait versé "aux chômeurs comme à Liliane Bettencourt". "Ne croyez pas ceux qui vous disent que le travail disparaît", a-t-il par ailleurs lancé, en visant également Benoît Hamon, en progression dans plusieurs sondages sur la primaire. "Nous devons préparer les emplois de demain, pas une société sans travail", a-t-il taclé.

François Fillon et "la casse de nos services publics". Manuel Valls n’a pas manqué non plus de cibler François Fillon et d’égratigner le programme du candidat de la droite et du centre. "François Fillon a découvert cette semaine que l’on compte en France 9 millions de pauvres et de précaires. Il s’en émeut. Mais, il veut supprimer la généralisation du tiers-payant chez le médecin. François Fillon se dit très moderne, mais qu’il y a-t-il de moderne à préparer la casse de nos services publics et à supprimer 500.000 postes de fonctionnaires, à vouloir toujours moins d’Etats ? Ça s’est le monde d’hier, les vieilles idées des années 1980" , a déclaré Manuel Valls. 

"François Fillon se dit gaulliste social, mais où est le social quand on supprime des postes d’agents hospitaliers, de travailleurs sociaux et que l’on remet en cause la sécurité sociale pour l’ouvrir à l’assurance privée, alors que c’est le fruit du conseil national de la Résistance ?", a-t-il poursuivi. "J’ajouterai : où est le gaullisme, où est l’indépendance quand on propose l’alignement sur la Russie de Vladimir Poutine", a-t-il encore dénoncé à propos de la volonté de rapprochement de François Fillon avec Moscou face au problème syrien.