Une taxe à 75%, trois possibilités

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Benjamin Bonneau, avec Antonin André , modifié à
ZOOM - Le gouvernement va-t-il revoir son texte, voire l’abandonner ?

L’INFO. Emblématique de la campagne électorale de François Hollande, la taxe à 75% continue d’empoisonner les jours et les nuits de la majorité. La section finances du Conseil d’Etat recommanderait, selon une information du Figaro, que la taxe sur les très hauts revenus, censurée par le Conseil constitutionnel, ne dépasse pas 66,66%. Au-delà, l'impôt serait jugé confiscatoire. Dix points de moins que le seuil emblématique des 75%, cela ressemble à un camouflet pour le chef de l’Etat.

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Najat Vallaud-Belkacem

"De simples rumeurs." Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a balayé d’un revers de la main les informations du Figaro sur l'intention du Conseil d'Etat. "Le Conseil d'Etat en tant que tel ne s'est pas encore prononcé", a fait valoir la ministre du Droit des femmes, relevant qu'il se réunissait en assemblée générale jeudi matin. "Prenez ces informations pour de simples rumeurs puisque c'est pour l'instant une section du Conseil d'Etat qui a travaillé". Invité jeudi matin d'Europe 1, Michel Sapin, ministre du Travail, a marché dans les pas de sa collègue du gouvernement : "J'adore les conditionnels ! Le gouvernement pourrait, devrait... Il fera ! Il fera quand il aura tous les éléments, évidemment l'avis demandé au Conseil d’État jouera son rôle. Il ne convient pas d'avoir une deuxième fois un problème juridique."

Quelles options pour le gouvernement ? Des conseillers de l’Elysée, assez résignés, ont néanmoins assuré à Europe 1 que cet arbitrage, attendu, est jugé cohérent. Désormais, trois pistes sont sur la table :

Se ranger à l’avis du conseil d’Etat et appliquer une taxe de 66% conjugalisée.

Faire payer les entreprises en taxant le revenu à la source  via un alourdissement des charges. Une solution qui induit un changement de l'esprit  de la taxe : on ne fait plus payer les riches, mais on dissuade les grands groupes de verser des salaires démesurés. Cette option est défendue par des conseillers très influents à l'Elysée.

Dernière ption, "on abandonne", confiait mercredi soir un proche de François Hollande à Europe 1. Cette hypothèse a un temps germé dans l’esprit du président au moment du rejet de la taxe par le Conseil constitutionnel. Mais une telle décision serait désastreuse politiquement. "Il y a une orientation qui ne changera pas, c'est que dans la période actuelle, où nous devons demander des efforts à tous, il n'y a aucune raison de renoncer à demander un effort supplémentaire aux plus riches des plus riches", a prévenu Michel Sapin sur Europe 1, jeudi matin.

Le point de vue d’Axel de Tarlé. L’éditorialiste économique d’Europe 1 est catégorique : François Hollande "ne peut pas renoncer car il a en partie été élu sur cette promesse de taxer à 75% les revenus extravagants des grands patrons." Pourtant, selon lui, "cette taxe est totalement inefficace car cela concerne très peu de monde. Et la France va être brocardée dans le monde entier comme le pays où l’on coupe la tête de ceux qui s’enrichissent."