Sur la laïcité, Sarkozy ne convainc pas son camp

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et Aurélie Herbemont , modifié à
Le patron de l'UMP est pour la suppression des menus sans porc dans les cantines. "Une stratégie "dangereuse" pour certains.

L'INFO. En 2007, Nicolas Sarkozy promettait une "rupture tranquille". En 2015, Nicolas Sarkozy promet "une rupture complète". Pour en finir avec la gestion socialiste, "seule [sa] famille politique porte l'alternance", poursuit le président de l'UMP. Reste à savoir qui portera les espoirs de la droite en 2017. Car Nicolas Sarkozy peine toujours autant à rassembler et enthousiasmer son camp. Dernier sujet sur lequel il est contesté : la laïcité.

Il est pour la suppression des menus sans porc dans les cantines. Sur le plateau du 20h de TF1, mardi soir, Nicolas Sarkozy avait assuré être contre l'interdiction du voile à l'université. "Je ne vois pas la cohérence d'un système où on interdirait le voile à l'école, au collège, au lycée et où on l'autoriserait à l'université", a-t-il affirmé. Le président de l'UMP a également apporté son soutien à Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône, qui a décidé supprimer le menu de substitution au porc dans les cantines scolaires de sa ville au nom du "principe de laïcité". Un appel très clair à l'électorat de droite et, au-delà, à tous ces électeurs animés par un sentiment de peur de l'islam et qui se tournent vers le Front national. Une stratégie qui a du mal à passer au sein de sa famille politique.

"Le repas de substitution n'est pas contre la laïcité". "C'est une folie", confie un élu sous couvert d'anonymat. Le maire de Reims, Arnaud Robinet, assume, lui, ses critiques au grand jour : "je suis déçue que ma famille politique s'engage sur ce terrain quelques jours avant les élections départementales. Moi, à Reims, quand il y a du porc, il y autre menu qui est proposé. Attention aux amalgames, car pour nos concitoyens, on risque de tomber dans repas de substitution = repas hallal. Je considère que le repas de substitution n'est pas contre la laïcité", a-t-il regretté au micro d'Europe 1.

Alain Juppé

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"Je ne crois pas que ce soit la solution". Son collègue du Havre, Edouard Philippe, membre de la garde rapprochée d'Alain Juppé, est lui aussi très réservé, voire inquiet d'entendre Nicolas Sarkozy vouloir réserver les menus sans porc aux écoles confessionnelles : "Cela veut dire quoi ? Qu'en fonction de ses convictions religieuses, tout le monde doit aller dans les écoles confessionnelles ? Cela voudrait dire que l'école publique serait le réceptacle de tous ceux qui n'ont pas envie de vivre leur religion de façon communautariste ? Je ne crois pas que ce soit la solution. Je suis même inquiet pour ce que cela pourrait impliquer". "Il ne faut pas donner aux musulmans le sentiment qu'"on les stigmatise systématiquement", a appuyé Alain Juppé dans Le Parisien.

Proche de Nicolas Sarkozy, dont il a longtemps écrits les discours, Henri Guaino ne le suit pas sur ce sujet :"Je suis en désaccord total avec le choix du menu unique, où on n’offre pas un menu de substitution aux enfants qui, à cause des interdits que leur famille leur ont inculqués, ne peuvent pas manger le menu qui leur est proposé", a-t-il estimé sur France Inter.

Une stratégie "dangereuse". Certains, comme Edouard Philippe, redoutent que cette position renforce le communautarisme. Un maire sarkozyste confie ne pas être en accord avec son patron et trouve même "dangereuse" cette façon de chercher à séduire les électeurs du FN : "ils risquent de préférer l'original à la copie". Ironie de l'histoire, quand Nicolas Sarkozy était maire de Neuilly, il y avait bien des repas de substitution dans les cantines.

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