Retraites, fonctionnaires : les concessions de Valls

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DOCUMENT - Le Premier ministre y détaille les concessions du gouvernement faites à l’aile gauche du PS.

Manuel Valls a joué ses derniers atouts. Confronté à une grogne, voire une fronde, des députés socialistes les plus radicaux, concernant les 50 milliards d’économies à réaliser en trois ans, le Premier ministre a envoyé lundi une lettre à ses troupes. Avec pour objectif de les enjoindre à voter en faveur du programme de stabilité, présenté, débattu et soumis au vote mardi à l’Assemblée.

Les petites retraites épargnées. Sur chaque mesure détaillée, Manuel Valls prend soin d’associer les députés à sa prise de décision. Exemple sur les retraites. Manuel Valls avait annoncé le gel de la revalorisation des pensions. L’aile gauche du PS avait crié au scandale. "C’est pourquoi je propose, suite aux discussions que nous avons eues ensemble, que tous les retraités qui perçoivent jusqu’à 1.200 euros de pension (tous régimes confondus), ne soient pas concernés par le report d’un an de la revalorisation", écrit ainsi le Premier ministre. "6,5 millions de personnes verront leur pouvoir d’achat intégralement préservé", poursuit celui qui avait annoncé ce week-end "un geste fort" en faveur des retraités les plus modestes.

Le plan pauvreté pas reporté. Même flatterie sur la revalorisation du RSA, un temps reportée. "Vous avez attiré mont attention sur le respect de la mise en œuvre du plan pauvreté, j’ai donc décidé que la prochaine étape de la revalorisation exceptionnelle du RSA de 10% en cinq ans interviendra comme prévu le 1er septembre 2014", écrit ainsi le Premier ministre. Par ailleurs, Manuel Valls invite les députés PS à réfléchir sur une mesure fiscale destinée aux plus modestes. "Comme je l’avais annoncé dans ma déclaration de politique générale, une mesure fiscale de soutien au pouvoir d’achat des ménages modestes sera prise pour application effective dès cette année. Nous en élaborerons ensemble les modalités dans les prochains jours pour la loi de finances respectives", poursuit le Premier ministre, qui insiste donc sur le fait que les élus de la majorité auront leur mot à dire.  

Revalorisation pour les petits fonctionnaires. Dernier sujet de grogne et dernière concession sur les fonctionnaires. "Vous avez également insisté sur la situation des fonctionnaires aux rémunérations les plus modestes des trois fonctions publiques", écrit Manuel Valls, associant encore et toujours les députés à sa décision. "Je vous confirme qu’ils bénéficieront des mesures de revalorisations déjà prévues pour la catégorie C et les agents de catégorie B en début de carrière. Cela représente en moyenne 440 euros de salaire net en plus dès l’an prochain pour 1,6 million d'agents", assure le Premier ministre, qui cède aussi sur l’une des principales exigences de frondeurs : "enfin, le gel du point d’indice des fonctionnaires fera l’objet d’un réexamen chaque année au regard de la croissance et des résultats du redressement économique de notre pays."

"Associés" au pacte de responsabilité. La dernière annonce, à même de plaire à l’aile gauche du PS, concerne les contreparties, en termes d’emploi et d’investissement, au pacte de responsabilité. "Vous aurez aussi un rôle à jouer pour garantir que les incitations fiscales attribuées aux entreprises serviront bien les objectifs prévus par le pacte", assure Manuel Valls dans sa lettre. "Les engagements pris par les représentants des entreprises feront l’objet d’un suivi et d’une évaluation précise avec les partenaires sociaux auxquels vous serez étroitement associés."

Un petit coup de pression quand même. Au-delà des concessions, Manuel Valls insiste aussi sur l’importance du vote de mardi, histoire d’ajouter un peu de pression sur les épaules des députés tentés par l’abstention, voire le vote contre. "C’est un moment important. Déterminant même, pour la réussite de notre pays. C’est un moment de vérité", écrit-il en introduction. Puis, pour conclure son courrier : "Demain est un jour qui compte. Pas seulement pour notre trajectoire budgétaire, pas seulement pour le redressement de notre économie, pas seulement pour la croissance et l’emploi. Demain est un jour qui compte pour l’avenir de la France et des Français. C’est un rendez-vous majeur. Il nous oblige à nous dépasser. Avec courage. Je ne doute pas, qu’ensemble, nous saurons répondre présents." Le message est clair.

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"On fera un vote d’abstention". Reste à savoir s’il sera entendu. Ce n’est pas gagné tant l’exaspération est grande. Et les premières réactions n’incitent pas à l’optimisme pour le Premier ministre. "Je salue le geste qui a été annoncée notamment en faveur des petites retraites, qui était demandé par l’ensemble des socialistes. Mais moi, je fais partie d’un collectif d’une centaine de parlementaires qui avaient demandé une inflexion beaucoup plus globale de la politique budgétaire", réagit ainsi Laurent Baumel, membre du mouvement Gauche populaire, interrogé par Europe 1. Du coup, mardi, "on fera un vote d’abstention qui sera une façon de dire au gouvernement que le dialogue doit se poursuivre dans les semaines et les mois qui viennent sur les équilibres essentiels de sa politique budgétaire", affirme le député PS d’’Inder-etLoire. Pour Manuel Valls, ce n’est toujours pas gagné.  

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