Retraites: des décennies de débats envenimés

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Hélène Favier , modifié à
VIDÉO - Retour sur ce débat qui anime la classe politique depuis les années 1980.

Les amateurs de joutes politiques auront été déçus jeudi soir… Si François Fillon et Ségolène Royal étaient bien sur le plateau d’A vous de juger, sur France 2, ils n'ont pas débattu ensemble sur les retraites, sujet épineux qui anime la classe politique depuis les années 1980.

Retour en vidéo sur des décennies de joutes politiques.

1980, les années Mitterrand

C’est en 1981, que François Mitterrand fixe la retraite à 60 ans avec comme condition : que le nombre d’années de cotisation requis soit atteint. Mais dans les années qui suivent, la croissance se tasse et le système par répartition peine à équilibrer ses comptes. Celui qui explique le mieux le problème, à l'époque s’appelle… Dominique Strauss Kahn. Monsieur le professeur d’économie explique alors aux téléspectateurs, les particularités du système français :

Au cours des années 80, le système est régulièrement remis en cause. Mais François Mitterrand se refuse alors à revenir sur la barre sacrée des 60 ans, une des principales réformes de son septennat.

1993 et la réforme Balladur

En 1993, Edouard Balladur s’installe à Matignon. Il constate alors un déficit sans précédent pour la caisse nationale d’assurance vieillesse.

Le Premier ministre entreprend alors une réforme au pas de charge, qui ne durera que quelques semaines. Une de ses mesures principales prévoit le passage de la durée de cotisation nécessaire de 150 trimestres à 160, soit 40 ans, pour avoir droit à une retraite. Une fois encore, le débat anime la classe politique de l'époque, dont Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy (qui à l’époque reconnaît : "j’ai voté pour la retraite à 60 ans") :

1995, l’échec de la réforme Juppé

Les générations du baby boom arrivant à l’âge de la retraite, le besoin de financement va croissant. En 1995, pour réformer le système, le Premier ministre Alain Juppé souhaite rapprocher les régimes spéciaux de retraite du régime général. Mais sa réforme est contestée, notamment par le PS et Lionel Jospin (voir la vidéo ci-dessous) et elle échouera :

2003, Fillon monte au créneau

En 2002, la droite est de nouveau majoritaire et entreprend une nouvelle réforme des retraites, menée par le ministre du Travail de l’époque : François Fillon. La "réforme Fillon" verra le jour un an plus tard. Elle entérine l’augmentation progressive de la durée de cotisation vers 42 ans, hors régimes spéciaux. Mais la réforme passe mal et, à l’Assemblée, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin est obligé de descendre dans l’arène pour soutenir son ministre. La réforme sera finalement adoptée.

2007 et le débat présidentiel

La réforme des régimes spéciaux sera, elle, étudiée quatre ans plus tard, en 2007. La réforme alors entérinée prévoit notamment l’augmentation progressive de la durée de cotisation des agents de la SNCF et de la RATP.

La même année, au cours de la campagne électorale, le dossier est toujours au cœur du débat et donne lieu à une savoureuse passe d’arme entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy…

2010, les politiques se croisent à la télé

2010, nouvelle réforme des retraites et de nouveau des échanges houleux. Mardi, jour de mobilisation, les députés communistes provoquent une brève suspension de séance lors des questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée nationale. Quittant leur siège dans l'hémicycle en pleine séance, les élus s'approchent du ministre du Travail Eric Woerth, à qui ils remettent des piles de documents pour témoigner de leur rejet de la réforme.

Mais le débat ne sera pas marqué, cette année, par des joutes télévisuelles. Jeudi soir, sur France 2, les invités ne font que se succéder sans se parler sur le plateau de France 2, Ségolène Royal succédant à François Fillon.