Plus de 7 milliards de dollars pour le Liban

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Sur fond de violences, Jacques Chirac a ouvert jeudi matin les travaux de la conférence sur la reconstruction du Liban, dite Paris III. Les représentants d'une quarantaine de pays et d'institutions internationales se sont retrouvés à Paris pour aider un Liban ruiné par la guerre de cet été entre Israël et le Hezbollah. Le pays du Cèdre espérait obtenir quelque cinq milliards d'euros de promesses sous forme de dons, de prêts et d'aide à des projets et ce sont finalement 7,6 milliards de dollars qui ont été récoltés. La France a, pour sa part, mis sur la table 500 millions d'euros sous forme de prêts.

Au moment même où les contributions affluaient, de nouvelles violences éclataient au Liban entre partisans et opposants au gouvernement de Fouad Siniora, présent à Paris. Le dernier bilan fait état de trois morts et de 152 blessés. La ville de Beyrouth a été placée sous couvre-feu jeudi soir. Mardi déjà, une grève générale, à l'appel du Hezbollah, de son allié chiite Amal et du courant chrétien de l'ancien Premier ministre Michel Aoun, avait paralysé le pays, pour obtenir le départ de Fouad Siniora et des élections anticipées. Les affrontements avaient fait trois morts et plus de 130 blessés. C'est donc sur fond de violences que la Conférence internationale pour aider le Liban, dite "Paris III", s'est tenue jeudi en France. Le pays de 4,5 millions d'habitants est étranglé par une dette de 41 milliards de dollars et ruiné par la guerre de cet été entre Israël et le Hezbollah. "Le montant de la collecte faite au profit du Liban s'élève à un peu plus de sept milliards 600 millions de dollars américains", a déclaré Jacques Chirac, au terme d'un tour de table où avaient pris place une quarantaine de représentants de pays et d'institutions. L'Arabie Saoudite s'est engagée à hauteur d'1,1 milliard de dollars. La France, les Etats-Unis, la Banque européenne d'investissement, la Banque mondiale et le Fond monétaire arabe figurent au nombre des principaux donateurs. En ouverture, Jacques Chirac a déclaré que "la conférence s'adresse à tous les Libanais sans exception et son ambition s'inscrit dans la durée". "Nous sommes ici réunis par un devoir d'amitié et de solidarité envers un pays porteur d'une vieille civilisation et d'un message", a déclaré le chef de l'Etat français dans son discours introductif. "Elle constitue donc une échéance cruciale, une occasion unique, pour réaffirmer avec force notre voeu d'un Liban uni, rassemblé et souverain, dans le respect de toutes ses composantes", a-t-il poursuivi. Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, qui s'exprimait juste après Jacques Chirac, a fait valoir "qu'en dépit de la vitalité de son peuple, le Liban ne peut relever seul les défis économiques, qu'ils soient neufs ou anciens, auxquels il doit faire face". Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a fait le déplacement tout comme la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, le nouveau secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Objectif de la réunion de Paris : prolonger les efforts consentis lors de la conférence du 31 août 2006 à Stockholm, où 980 millions de dollars avaient été promis au Liban pour se reconstruire dans l'urgence après la guerre de cet été. La France, les Etats-Unis et l'Union européenne ont annoncé des aides et des prêts pour un total de 1,92 milliard de dollars, mais on craint dans les milieux diplomatiques que les troubles actuels dans le pays ne freinent les donateurs dans leur élan de générosité. La France a d'ores et déjà mis sur la table 500 millions d'euros sous forme de prêts "à des conditions très avantageuses". L'Union européenne a annoncé une aide supplémentaire de 400 millions d'euros. Les Etats-Unis vont débloquer près de 770 millions de dollars. Au total, le Liban espérait obtenir quelque cinq millions de dollars, soit une enveloppe supérieure à celle obtenue lors de la conférence Paris II, fin 2002, où 4,2 milliards avaient été promis. Avec cet argent, Fouad Siniora espère réduire la dette, en la faisant passer de 180% à 144% du PIB en 2011, et mener à bien des réformes parmi lesquelles figurent le relèvement de la TVA et la privatisation du secteur de la téléphonie mobile. Le programme économique adopté par le cabinet libanais début janvier prévoit aussi l'élimination du déficit budgétaire en cinq ans, des initiatives pour attirer les investisseurs étrangers et des mesures pour renforcer le système de sécurité sociale et réformer l'administration.