Parti de la liberté, CEP ou MDR... comment rebaptiser l'UMP ?

En proie à de graves difficultés de trésorerie depuis plusieurs années, l'UMP s'apprête à vivre un nouvel épisode de la crise financière et morale traversée depuis 2012.
En proie à de graves difficultés de trésorerie depuis plusieurs années, l'UMP s'apprête à vivre un nouvel épisode de la crise financière et morale traversée depuis 2012. © MAXPPP
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PROPOSITIONS  -  Plusieurs cadres du parti souhaitent trouver un nouveau nom à leur formation. Oui, mais lequel ?

L'UMP est-il "déjà mort", comme l'a sous-entendu Christian Estrosi ? Alors qu'on évoque une dette de 80 millions d'euros, les grandes lignes d'un audit financier commandé par la nouvelle direction de l'UMP seront dévoilées mardi. Interrogé sur la dette de l'UMP, le député-maire de Nice Christian Estrosi a affirmé lundi que "si ce chiffre (de 80 millions, nldr) est exact, cela veut dire que la situation est extrêmement grave et que l'UMP est terriblement fragilisée", ajoutant que l'UMP est "un parti qui est déjà mort.

"Nous ne pouvons pas faire autrement que de changer de nom. Ce n'est pas une restructuration avec un congrès a minima qu'il faut, mais une véritable révolution !", a conclu l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Une idée déjà avancée avant lui par Nathalie Kosciusko-Morizet ou encore Xavier Bertrand.

 >> Mais comment renommer l'UMP ? Europe1.fr a demandé des exemples à Paul Bacot, professeur de science politique et spécialiste des noms en politique, Jean Garrigues, politologue et historien de la Ve République et Marcel Botton, dirigeant-fondateur de la société Nomen, spécialisée dans la création de noms de marques.

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© Reuters/Eric Gaillard

Les idées traditionnelles. "Tout dépend de l'orientation qu'ils donnent.  S'ils optent pour la tradition, cela pourrait donner un parti composé des mots 'rassemblement' et 'république'", estime pour sa part Jean Garrigues. Côté tradition, en effet, les noms ne manquent pas en France pour représenter la droite. "On peut penser à l'Union de la droite républicaine (UDR) ou l'Union de la droite ouverteet républicaine (UDOR), la droite courageuse ou encore France demain", propose également Marcel Botton. "L'UMP a une chance : c'est qu'à gauche, l'idée tourne autour du socialisme. Cela laisse du champ à la droite, pour tout un panel de termes", renchérit Jean Garrigues.

Les valeurs fédératrices. Le problème à l'UMP, c'est que le nom doit convaincre autant la ligne centre-droit, de Jean-Pierre Raffarin par exemple, que celle plus radicale, représentée par Thierry Mariani. "Un nom du type 'Responsabilité et liberté' ne serait ni trop à droite, ni trop au centre", estime ainsi Paul Bacot. "J'ai songé au Parti populaire pour le progrès, le PPPP. Cela réunirait un certain nombre de valeurs. De plus, l'idée de progrès n'est plus marquée à gauche. Ce n'est pas dans le sens de progressiste, mais de mouvement vers l'avenir. Un nom de parti doit exprimer des évidences. Et personne ne prônerait aujourd'hui le retour en arrière", ajoute Marcel Botton.

"Le terme de 'liberté' peut vraiment fédérer. C'est une sorte de marqueur pour la droite. Il y a consensus pour réduire l'influence de l'Etat providence et favoriser les libertés individuelles. Une idée comme le 'Parti de la liberté' fédérerait autant les partisans de Juppé, Fillon et Sarkozy", défend pour sa part Jean Garrigues, qui poursuit : "ils pourraient également trouver un nom plus fédérateur de la droite et du centre, en ajoutant le mot démocratie dedans".

>> Certains internautes se sont également saisis de la question, avec plus ou moins de sérieux :

Les formulations novatrices. "L'UMP pourrait opter pour un nom plus imagé, proche des marques commerciales. Les Verts, Debout la république ou même Lutte ouvrière par exemple, ont des noms modernes, qui sortent des formulations classiques ("parti", "union" etc.). Le terme 'Maison bleue', déjà évoqué au moment du passage du RPR à l'UMP, pourrait revenir, par opposition à la couleur rouge de la gauche", propose également Paul Bacot.

"Nous avons également songé à Conviction énergie et progrès (CEP). C'est un acronyme signifiant, que l'on peut prononcer. Cela signifie : on a des idées, de la volonté, et on se bat pour faire avancer les choses. Si on rebaptise le parti, il faut que le changement soit déjà dans le nom", poursuit Marcel Botton.

Les noms à éviter. Dans le choix d'un nom, il faut faire attention à tout, à commencer par les sensibilités du parti. "Le premier terme sera difficile à trouver. Les gaullistes n'aiment pas la notion de 'parti' et le terme 'front' fait trop extrême", prévient Paul Bacot. "Il faut écarter le mot 'conservateur', peu de monde se revendique comme tel", poursuit Marcel Botton. "L'UMP pourrait également opter pour 'Le Parti de la France', mais cela fait un peu trop Berlusconi et cela risque de fâcher les européistes. À l'inverse, le terme 'Europe' ne plairait pas à tout le monde non plus", poursuit Paul Bacot.

"Il faut, enfin, faire attention à ne pas choisir un acronyme ridicule, comme le terme 'MDR', pour mouvement démocrate et républicain, par exemple ("MDR" signifie également "mort de rire", selon un acronyme célèbre sur les réseaux sociaux ndlr)", renchérit le politologue.

 

Depuis 1947, une habitude. L'UMP a été créée le 23 avril 2002 par Jacques Chirac et Alain Juppé, remplaçant le RPR, Rassemblement pour la République, ainsi qu'une bonne partie des mouvements de droite libérale et gaulliste. Crée pour l'élection présidentielle, l'acronyme signifiait à l'origine l'Union pour la majorité présidentielle, avant de se transformer, le 17 novembre de la même année, en Union pour un mouvement populaire. La disparition de l'UMP serait loin d'être une première : les partis majoritaires de la droite républicaine ont changé de nom une dizaine de fois entre 1947 et 1976, date de la création du RPR.

"Pour l'UMP, c'est à la fois facile de changer de nom car ils ont l'habitude de changer depuis 1947. Mais en même temps, ils ont déjà utilisé beaucoup de possibilité. Et vu l'état de tensions interne, cela peut prendre du temps", résume Paul Bacot. Et d'enchaîner : "d'autant qu'ils ne peuvent pas vraiment se permettre de dépenser leur argent dans les agences de com'".

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