Mais qui es-tu Aymeric Chauprade ?

Aymeric Chauprade (premier plan) avec Marine Le Pen et Ludovic de Danne, conseiller aux Affaires européennes.
Aymeric Chauprade (premier plan) avec Marine Le Pen et Ludovic de Danne, conseiller aux Affaires européennes. © MaxPPP
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PORTRAIT - Le conseiller spécial de Marine Le Pen pour les relations internationales va observer le référendum en Crimée.

Dimanche, les Ukrainiens de Crimée sont appelés à se prononcer sur le possible rattachement de la péninsule à la Russie. Un scrutin dont on l’issue se dessine déjà, mais qui sera toutefois scruté par des observateurs internationaux. Parmi eux se trouvera Aymeric Chauprade, diplômé de Sciences Po Paris et conseiller spécial de Marine Le Pen pour les relations internationales. Un géopoliticien reconnu mais controversé, qu’Europe1.fr a choisi de vous présenter.

>> Un pro-russe

Jeudi, c’est l’entourage d’Aymeric Chauprade qui a annoncé sa présence dominicale en Crimée. Et s’il devait initialement s’y rendre à titre individuel "en tant que géopolitologue invité par une ONG basée à Bruxelles", il y sera aussi en "tant que conseiller spécial de Marine Le Pen aux affaires internationales". Ce qui a été démenti deux heures plus tard par le FN. Le positionnement du parti d’extrême-droite sur ce sujet peut expliquer cette tempérance. Le FN défend en effet régulièrement des positions pro-Russie et critique "l'ingérence" de l'UE et des Etats-Unis dans la crise ukrainienne, quand Paris est sur une ligne pro-Kiev. Dans son projet présidentiel, Marine Le Pen prônait, avec le pays de Vladimir Poutine, une "alliance stratégique poussée, fondée sur un partenariat militaire et énergétique approfondi, le refus de la guerre d'ingérence et le soutien au droit international".

Aymeric Chauprade 18/11/2013

Sur son blog, Aymeric Chauprade a reproduit un entretien qu’il a accordé il y a une semaine à Ria Novosti, l'agence russe d'information internationale, officiellement sous la tutelle du ministère de la presse et de l'information. Il y assure notamment que "le nouveau pouvoir en place à Kiev est arrivé par un coup d’État contre un président élu démocratiquement. (…) Le gouvernement du Maïdan est le résultat d’un coup d’État planifié avec une ingérence caractérisée." Un positionnement sans ambigüité.

>> Un candidat aux européennes

Après avoir soutenu la liste souverainiste de Philippe de Villiers en 2004, Aymeric Chauprade, 45 ans, gravite depuis 2010 autour de Marine Le Pen, qu’il conseille sur tous les sujets internationaux. Un homme de confiance à qui la patronne du FN a confié la tête de liste de son parti pour les européennes dans la circonscription Ile-de-France et Français de l’étranger. Invité d’Europe 1 le 18 novembre 2013, Aymeric Chauprade avait confié les raisons qui l’ont poussé à vouloir se frotter au suffrage universel direct : "je pense que le pays va très mal. Cela fait longtemps que je pensais rentrer en politique. Et je pense qu’aujourd’hui, il n’y a pour seule solution que le Front national pour rompre avec un modèle qui ne fonctionne pas, qui est celui de l’Union européenne, qui est celui de l’immigration massive, de l’hyper-endettement, de la désindustrialisation."

Les élections européennes, Marine Le Pen en attend beaucoup et espère profiter de l’euroscepticisme ambiant  pour pouvoir constituer un groupe au Parlement européen et peser davantage. Mais pour cela, elle a besoin d’alliés. C’est dans cette optique qu’elle discuté avec d’autres partis d’extrême-droite en novembre 2013. Parmi eux figuraient notamment le FPO autrichien ou encore le PVV du Néerlandais Geert Wilders, ouvertement islamophobe. "Nous entretenons de très bonnes relations avec lui. Nous ne sommes pas d'accord avec lui sur un certain nombre de points, notamment sur la question du positionnement par rapport à l'islam. En revanche, nous nous retrouvons sur la question de l'Union Européenne qui est centrale !", avait assuré Aymeric Chauprade sur notre antenne, rejetant toutefois l’appellation d’extrême-droite. Ce qui deviendra la nouvelle marotte de Marine Le Pen quelques mois plus tard.

>> Un conspirationniste du 11-Septembre

En 2009, Hervé Morin, alors ministre de la Défense, a mis fin à ses fonctions d'enseignant au Collège Interarmées de défense (CID) et au sein des organismes militaires de formation, accusant Aymeric Chauprade d'avoir publié un livre contenant des "relents absolument inacceptables" sur les attentats du 11 septembre. Une décision confirmée par le tribunal administratif. Dans son livre "Chronique du choc des civilisations", le géopoliticien livrait en effet "une présentation flatteuse" des thèses du complot "sans consacrer de développements analogues à la thèse officielle", d'après la décision de justice.

Interrogé sur ce sujet, il assure être "un enfant de l’école républicaine, et donc on m’a appris l’esprit critique. Je suis un scientifique, je cherche à comprendre. Et quand il y a des choses douteuses dans une version officielle, je me pose des questions". Et de préciser : "je ne suis pas sûr, j’ai proposé différentes versions, mais je ne conclue pas, je suis un homme prudent." Quant à Marine Le Pen, pas question de se positionner sur ce sujet brûlant, et le fait de lui poser la question n’est pour elle qu’une tentative "d'essayer de faire renaître une polémique qui a été réglée par les tribunaux (...). Ce dossier est clos".

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