Londres poursuit son offensive anti-Michel Barnier

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les Britanniques soupçonnent la France, via son commissaire européen, de vouloir faire trop de régulation financière.

Michel Barnier veut retrouver "le calme et la sérénité". Le Français a été choisi la semaine dernière pour devenir le nouveau commissaire au Marché intérieur et aux Services financiers. Une nomination qui n’en finit pas de provoquer des remous.

Dans une tribune publiée mercredi dans le Times, le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, a mis en garde Michel Barnier contre les dangers d'une régulation trop lourde des places financières européennes. Le porte-drapeau de la France menacerait directement la City de Londres. "Londres, qu'on le veuille ou non, est la seule place qui rivalise véritablement avec New York", et "il est dans l'intérêt de toute l'Europe qu'elle puisse prospérer", a mis en garde Alistair Darling.

L'association des banquiers britanniques a dénoncé de son côté, avec une virulence rare, les propos de Nicolas Sarkozy, qui s’est félicité samedi dernier "du triomphe des idées françaises de régulation" et assuré que les "Anglais avaient perdu". Le Daily Telegrapha décrit Michel Barnier comme un "’béni-oui-oui’ de Nicolas Sarkozy" et le Times a comparé "l'antipathie" du président à l'égard de Londres à celle autrefois affichée par le général de Gaulle ou même... Napoléon.

Depuis, la défense de Michel Barnier s’organise. Le futur commissaire européen est en mesure de "comprendre les intérêts européens collectifs", a déclaré jeudi Christine Lagarde. "Michel Barnier a tous les talents", a insisté la ministre de l’Economie. Même la Commission européenne est montée au créneau, assurant que Michel Barnier était "la bonne personne pour le bon poste".

Michel Barnier lui-même a déclaré que la polémique sur sa nomination n'avait "pas de sens". Dans un entretien paru vendredi dans La Tribune, le Français assure que "les idées françaises ont une valeur ajoutée. Mais il y a aussi l'expertise fondamentale du Royaume-Uni dans le domaine de l'intermédiation et dans d'autres secteurs financiers où la place de Londres est inégalée", argumente celui qui se présente avant tout comme un "pragmatique".

Ces arguments seront-ils suffisants ? Michel Barnier a déjà choisi des Britanniques pour diriger son administration et comme porte-parole. Mais Londres exige désormais qu’il prenne un spécialiste de la City dans son cabinet. La rencontre qui devait avoir lieu vendredi entre Nicolas Sarkozy et Gordon Brown a été annulée. Officiellement en raison d’un emploi du temps trop chargé.