Répondant à l'appel de l'intersyndicale, 400 inspecteurs du travail se sont rassemblés derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : "la loi, pas la violence" et "le droit, pas la jungle". Une minute de silence a été observée à la mémoire de Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, abattus de deux coups de fusil de chasse le 2 septembre 2004 lors d'un contrôle à Saussignac, dans la ferme de Claude Duviau. Ce dernier comparaît jusqu'à vendredi devant la cour d'assises de la Dordogne. Lors de l'audience, un expert psychologue a expliqué mardi la rage narcissique dans laquelle était tombé Claude Duviau, rage qui l'a conduit à se venger sur les inspecteurs du travail. La profession voit le drame comme un fait révélateur du climat d'hostilité croissante auquel ils seraient confrontés lors des contrôles. Ils entendent répondre "à ceux qui voudraient ne voir dans le double meurtre de Saussignac, qu'un fait divers dramatique ou, à l'inverse, un dérapage compréhensible de l'exaspération contre une administration considérée comme aveugle et anonyme". Il s'agissait d'une allusion aux prises de position de la Coordination rurale, syndicat proche de la droite, qui souhaite relativiser le crime en évoquant la "violence économique" dont serait victime le monde agricole. "Nous attendons maintenant que les présidentiables et les partis politiques prennent position. Il faut donner des moyens et doubler le nombre d'inspecteurs pour pouvoir faire appliquer le code du travail. La relégitimation passe aussi par les moyens", a déclaré Gérard Filoche, inspecteur du travail à Paris, proche du PS. Depuis l'ouverture du procès lundi matin, plusieurs centaines d'inspecteurs ont assisté au procès de Claude Duviau. Un débat public devait se dérouler dans la soirée.