Les aléas du financement d’une campagne

Pour faire campagne, Eva Joly a même dû emprunter elle-même de l’argent à la banque.
Pour faire campagne, Eva Joly a même dû emprunter elle-même de l’argent à la banque. © MAXPPP
  • Copié
avec Aurélie Herbemont , modifié à
Financer une campagne électorale n’est pas aisé, surtout pour les petits candidats.

Peut-on faire campagne sans beaucoup de moyens ? C'est la question qui se pose quand on voit les défections des petits candidats, dont Jean-Pierre Chevènement, Christine Boutin et Hervé Morin.

Pas d’argent sans parrainages et un score de 5%

L'argent est le nerf de la guerre et c'est un vrai problème pour les petits candidats qui ne décollent pas dans les sondages et qui n'ont toujours pas les 500 parrainages d'élus. Tout est en effet lié : les mauvais sondages n'attirent pas les parrainages et sans ces précieux sésames, oubliez l'argent débloqué automatiquement par l'Etat.

800.000 euros sont en effet versés à chaque candidat qui a recueilli 500 signatures validées. Ensuite, seuls ceux qui dépasseront les 5% auront droit à un remboursement des frais de campagne.

Campagne économe pour les petits candidats

Les petits candidats n'ont donc pas d'autre choix que de faire campagne à l'économie, à l’image du NPA et de Lutte ouvrière qui se limitent à ces 800.000 euros. Nicolas Dupont-Aignan va, lui, limiter sa campagne à 1 million d’euros, pas plus.

"Tous les jours il y a des arbitrages difficiles, j’ai le directeur opérationnel et le trésorier qui se disputent. On voulait aller en Grèce… on ne peut pas se le payer. Autre exemple avec les Dom-Tom : je vais aller dans un département d’Outre-Mer mais pas dans tous les Dom-Tom. C’est très frustrant", témoigne le président de Debout la République.

Ces moyens financiers limités ont néanmoins un avantage. "En même temps, quand je pense que notre site Internet a été fait par des ingénieurs bénévoles, des jeunes qui partagent mes idées alors que l’UMP a du dépenser un million d’euros pour le sien alors que le mien est nettement mieux", ironise Nicolas Dupont-Aignan.

Le rouleau compresseur des grands partis

Les moyens financiers du PS et de l’UMP sont en effet sans commune mesure. Ces deux partis dépensent jusqu'à vingt fois plus qu'un petit candidat car ils savent que leur campagne sera remboursée à hauteur de 8 millions, voire de 10 millions d'euros s'ils atteignent le second tour.

Un tel budget permet de voir en grand : rien que pour les tracts, programmes et affiches, le PS va débourser plus de 3 millions d'euros, tandis que le meeting du Bourget a coûté près d'un million.

A titre de comparaison, Eva Joly a par exemple dû contracter un emprunt personnel car les Verts ne veulent pas engager plus de deux millions par crainte d'un mauvais score.

Les dons par Internet, nouvel espoir

Pour trouver des sources de revenus supplémentaires, petits et grands partis sollicitent les Internautes. Ceux inscrits sur le site de soutien à François Hollande ont ainsi déjà reçu plusieurs mails les incitant à donner cinq euros.

Et cela marche : après un passage télé la semaine dernière, le PS dit avoir récolté 40.000 euros. Autre option : les vidéos d'appel à souscription lancées par Jean-Luc Mélenchon. Côté UMP, on drague aussi les donateurs, notamment les 400 membres du club "le premier cercle" qui peuvent donner… jusqu'à 7500 euros chacun.

Les meetings deviennent un luxe

Autre élément incontournable d’une campagne électoral : le meeting politique. Mais ces évènements coûtent cher, surtout lorsqu’un parti en organise un chaque dimanche, comme le FN. La location d'un palais des congrès en province coûte 40 à 50.000 euros, auxquels il faut ajouter l’éclairage, la sono, les transports, etc. : la facture peut monter jusqu'à 150 000 euros.

Du coup, le FN fait payer cinq euros à ceux qui viennent écouter Marine Le Pen afin d’amortir en partie les frais. Mais certains candidats font tout simplement l'impasse sur ces grands raouts, à l’image de Dominique de Villepin.

"Pour quoi des meetings ? On fera ce qu’il faut faire pour réaliser une belle campagne", confirme-t-il, avant de promettre "une campagne pleine d’imagination. Les meetings, ce sont des gens choisis, moi, ce qui m’intéresse ce sont les citoyens".