Les Gourous de la com’ sortent de l’ombre

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Une enquête sur ces "faiseurs de roi" décrypte l’influence majeure de ces supers-conseillers.

Cadres, PDG, politiques, aujourd’hui, aucune personnalité publique n’échappe à l’influence des professionnels de la communication. Des experts du comportement, de la parole, de la gestuelle - véritables "faiseurs de roi" - qui ne manquent ni d’imagination, ni d’options pour modeler l’image de leur "protégé".

De la scène politique aux patrons du CAC 40

Des hommes de l’ombre auxquels les deux journalistes Aurore Gorius et Mickaël Moreau consacrent un ouvrage, Les gourous de la com' : trente ans de manipulations politiques et économiques. Fruit de deux ans d'enquête, le livre retrace l’histoire de ces "supers-conseillers" et passe à la loupe leur influence dans le paysage politique et dans le monde des affaires.

Les plus connus de ces "gourous" s’appellent Anne Méaux, Stéphane Fouks ou encore Michel Calzaroni. Proches du pouvoir, des médias, ces grands manitous coachent aussi bien les patrons du CAC 40 que les ministres et excellent dans l’art de la gestion de situations de crise, qu’il s’agisse de l’affaire Kerviel ou du premier passage télévisé d’un cadre de chez Sodexho.

Beaucoup de marketing et peu de hasard

Mais à l'heure de la médiatisation tous azimuts, c'est auprès des politiques que ces conseillers jouent un rôle qui va bien au-delà de la gestion de crise. Là où les chefs d'entreprises les appellent à la rescousse dans les moments difficiles, les hommes et les femmes politiques confient toute leur personne à ces pro de la com' sur de longues durées. Image, discours, idées, tout est passé au crible, tout est marketé, ne laissant que peu ou pas de place au hasard.

"Tous les hommes politiques ont été coachés au moins une fois dans leur vie", explique Aurore Gorius, à Europe1.fr. "Olivier Besancenot, par exemple, qui joue la carte de la spontanéité, a suivi des cours de media-training avant de se lancer dans la campagne présidentielle en 2002. Idem pour Marine Le Pen", raconte-t-elle.

"Je n’ai pas une gueule de cinéma, je ne suis pas Brad Pitt

Christine Boutin, confie dans le livre, avoir voulu travailler son image après s’être vue aux Guignols. "Elle a décidé de prendre son image en main en changeant de coiffure et en faisant un régime, pour casser cette étiquette peu flatteuse qui lui collait à la peau", assure Aurore Gorius.

Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Île-de-France, s'est également confié aux deux journalistes, sur la nécessité pour lui de prendre des cours de media-training. "Au début la télé, ça a été très difficile pour moi. Les média-trainings m’ont beaucoup aidé parce que j’étais timide. Et puis je n’ai pas une gueule de cinéma, je ne suis pas Brad Pitt".

Un rôle-clef non assumé

Mais la montée en puissance de ces as du langage inquiète les deux auteurs qui voient en ces "supers-conseillers" un danger pour l’information sans cesse contrôlée dans un souci de stratégie de conquête du pouvoir. "Il y a beaucoup de mythes et de conneries", balaye Anne Méaux, démentant toute volonté de "manipuler" l'information.

"Mais leur influence est bien réelle", concluent Aurore Gorius et Mickaël Moreau, "même si beaucoup nient l’importance de leur rôle" dans le jeu démocratique.