Le gouvernement Valls 2 annoncé mardi

Manuel Valls est chargé de constituer un nouveau gouvernement.
Manuel Valls est chargé de constituer un nouveau gouvernement. © Reuters
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Louis Hausalter avec le service politique d'Europe 1 et agences , modifié à
L'ESSENTIEL - François Hollande a chargé Manuel Valls de constituer une nouvelle équipe, au lendemain des critiques d'Arnaud Montebourg.

"Une ligne jaune a été franchie", affirmait dimanche soir l'entourage de Manuel Valls à propos des critiques adressées par le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, à la politique menée par le gouvernement. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : François Hollande a chargé Manuel Valls de constituer un nouveau gouvernement, a indiqué l'Elysée lundi. La composition de cette nouvelle équipe sera annoncée mardi.

# CE QU'IL FAUT RETENIR

• Manuel Valls a présenté à François Hollande la démission de son gouvernement, a annoncé lundi l'Elysée dans un communiqué.

• Le président de la République a demandé au Premier ministre de composer un nouveau gouvernement. "Sa composition sera annoncée dans la journée de mardi", indique la présidence de la République.

• Cette décision fait suite aux critiques adressées par Arnaud Montebourg à la politique économique de l'exécutif. Lundi, à 16h30, il a annoncé son départ du gouvernement, déclarant vouloir "reprendre sa liberté".

# LES DERNIÈRES INFORMATIONS

Arnaud Montebourg "reprend sa liberté". Celui par qui tout a commencé persiste dans sa ligne. Arnaud Montebourg a annoncé lundi après-midi sa démission du gouvernement Valls. Il a déclaré vouloir "reprendre sa liberté", ce que le Premier ministre a accepté. "Je vais, puisque je n'ai pas de mandat [...], retourner travailler parmi les Français", a-t-il dit lors d'une conférence lorsqu'il a évoqué son avenir. Cependant, il entend "continuer à défendre [...] ce que je crois être juste pour les Français et pour la France".

Benoît Hamon se retire. A une semaine de la rentrée scolaire, le ministre de l'Education quitte le gouvernement, a-t-il confirmé lundi soir sur le plateau France 2. Son ex-collègue Arnaud Montebourg avait plus tôt dans la journée salué un homme qui avait "fait le choix de [ses] convictions". Invité ce week-end de la fête de la Rose organisée par Arnaud Montebourg, Benoît Hamon a lui aussi émis quelques piques à l'encontre de la politique économique du gouvernement. "Arnaud et moi ne sommes pas loin des frondeurs", avait-il affirmé dans Le Parisien

Filippetti "pas candidate à un nouveau poste ministériel". La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a déclaré lundi qu'elle ne serait "pas candidate à un nouveau poste ministériel", préférant "la loyauté à ses idéaux" au "devoir de solidarité" gouvernementale, dans un courrier transmis à l'AFP. Aurélie Filippetti faisait partie de la liste des ministres sur la sellette avec Benoît Hamon et Christiane Taubira, sans même parler du cas d'Arnaud Montebourg, à l'origine de ce remaniement. La ministre de la Culture avait échappé de peu à la sortie lors du précédent remaniement. Cette fois, elle a préféré prendre les devants, s'évitant sans doute une éviction annoncée après son tweet de dimanche souhaitant une "belle journée" à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon".

Valls consulte. Lundi soir à 18h30, François Hollande a reçu Manuel Valls pour faire "le point avec le président sur ses consultations en vue de la formation d'un nouveau gouvernement". Le Premier ministre s'est entretenu lundi à Matignon successivement chaque ministre du gouvernement démissionnaire, y compris Arnaud Montebourg, dans le cadre de la formation de sa nouvelle équipe gouvernementale, a annoncé l'entourage du Premier ministre. "Le Premier ministre va recevoir l'ensemble des ministres, à l'exception de Jean-Yves Le Drian, en déplacement sur l'île de Sein avec le président de la République. Il rencontrera également des personnalités politiques, dont le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone", a-t-on précisé. Michel Barnier, ancien commissaire européen (UMP) au Marché intérieur, a fait une visite à Matignon lundi, pour un rendez-vous prévu de longue date, a priori sans rapport avec le remaniement en cours.

Un "consensus absolu", assure l'Elysée. La démission du gouvernement a fait l'objet d'un "consensus absolu" entre le président François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls, a assuré l'Elysée. "Il y a eu un consensus absolu sur l'analyse de la situation et la réponse qu'il convenait d'y apporter", a-t-on déclaré de même source, démentant des informations de la presse selon lesquelles Manuel Valls aurait mis sa démission dans la balance.

# LE CONTEXTE

Des critiques répétées. La décision de constituer un nouveau gouvernement fait suite aux propos virulents d'Arnaud Montebourg à l'encontre de la politique économique menée par l'exécutif. Après une interview au Monde dans laquelle il affirmait que "les choix politiques ne sont pas figés", samedi, le ministre de l'Economie a récidivé le lendemain. Dimanche à Frangy-en-Bresse, aux côtés de son collègue de l'Education Benoît Hamon, il a demandé à François Hollande une "inflexion majeure de notre politique économique", assurant qu'il avait "le devoir" de "ne pas se taire" et "de proposer des solutions alternatives".

Dimanche soir, l'entourage de Manuel Valls affirmait qu'une "ligne jaune" avait été "franchie" par Arnaud Montebourg et que le Premier ministre était "décidé à agir" en conséquence. "Le ministre de l'Economie ne peut pas s'exprimer dans de telles conditions sur la ligne économique du gouvernement et sur un partenaire comme l'Allemagne", soulignait-on à Matignon.

Il persiste et signe. Invité de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, lundi matin - quelques instants avant que l'annonce d'un nouveau gouvernement soit effectuée - Arnaud Montebourg n'a pourtant pas regretté ses propos. "Il n'y a nulle remise en question de la solidarité gouvernementale puisque les décisions ne sont pas prises", a-t-il estimé.

Mais à la question de savoir s'il serait encore ministre demain, Arnaud Montebourg a concédé : "je l'ignore". "Ce que je sais, c'est que je crois avoir dit pendant deux ans les mêmes choses et que maintenant, les faits sont là", a-t-il ajouté.

# LES RÉACTIONS

Duflot soutient Montebourg. L'ancienne ministre (EELV) du gouvernement Ayrault, a dit lundi soutenir la démarche d'Arnaud Montebourg, qui a appelé à un changement d'orientation de la politique économique du gouvernement et à une réorientation de l'Union européenne. "Même si j'ai des désaccords qui sont connus avec Arnaud Montebourg sur les gaz de schiste et aussi sur ce qu'il a dit hier --il parle de relance de fait par la consommation, je pense que l'enjeu essentiel est double, celui de la transition économique et celui de réorienter l'Union européenne (...)--, nous serons nombreux à être aux côtés de tous ceux qui veulent ce changement de cap et de politique économique du gouvernement", a déclaré Cécile Duflot sur France Inter.

Rebsamen resterait bien à son poste. Invité d'Europe Soir, le ministre sortant du Travail dit "être bien" dans son fauteuil. Pour autant, lundi soir, il ne se disait "pas sûr" d'être reconduit au ministère du Travail.

Rebsamen "souhaite" rester au ministère du...par Europe1fr

Ségolène Royal "sereine". La ministre de l'Ecologie a accueilli calmement la décision de Manuel Valls, affirmant que l'exécutif avait pris ses "responsabilités" en annonçant un remaniement. Ségolène Royal a déclaré, pour sa part, "avancer très sereinement", à la veille de l'annonce de la composition de la nouvelle équipe Valls. "Le travail continue, les responsabilités ont té prises par les chefs de l'exécutif et c'est tout", a-t-elle estimé lundi, lors d'une visite à la centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne. "Chacun doit être au travail, il est inutile de faire des commentaires, d'épiloguer".

L'aile gauche du PS parle de "crise politique". Pour la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, "on arrive à une crise politique qui aurait pu être évitée si le Président de la République, quand les chiffres ont confirmé que sa politique n'atteignait pas ses objectif,s avait largement ouvert le débat (...)". Sur BFM-TV, la socialiste a dit regretter "un acte d'autorité qui affaibli la majorité présidentielle".

Pour Fillon, Hollande est dans le "désarroi". "La démission du gouvernement illustre le désarroi dans lequel se trouve le président de la République face aux conséquences de son inaction", a estimé François Fillon dans un communiqué. L'ancien Premier ministre doute de la capacité de François Hollande à rebondir après ce nouveau remaniement : "Tant mieux si cela permet d'engager au moins quelques vraies réformes ! Il est grand temps ! Mais la moitié du quinquennat déjà écoulée augure mal de la capacité du président, quel que soit le gouvernement qu'il choisira, à prendre les décisions indispensables et à provoquer le choc de compétitivité nécessaire".

>> TOUTES LES RÉACTIONS - Les uns veulent une dissolution, les autres un virage à gauche

Le Pen veut une dissolution. La présidente du Front National, Marine Le Pen, a appelé dans un communiqué à une dissolution de l'Assemblée nationale pour répondre à la crise manifestée par la démission du gouvernement de Manuel Valls. "De l'UMP au PS, les gouvernements se succèdent mais les politiques ne changent pas (...). Dans ces conditions, il est plus que jamais nécessaire de redonner la parole aux Français et de dissoudre l'Assemblée nationale", écrit celle qui est arrivée avec son parti en tête des élections européennes fin mai.

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