Le FN prospère en milieu rural

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Lionel Gougelot et
REPORTAGE - Dans l'Aisne, la crise de confiance envers la classe politique pousse les électeurs dans les bras de l’extrême droite.

L’INFO. Les élections départementales, c'est dans presque un mois. Et pour ce scrutin, le Front National sera le parti le mieux représenté, présent dans 1.909 cantons sur 2054. Un FN qui s'implante de plus en plus dans les campagnes. Dans le canton de Ribemont, dans l'Aisne, il recueille par exemple entre 40 et 50% des suffrages. Ce département est d'ailleurs l'un des principaux objectifs du parti de Marine Le Pen. Une zone rurale où les habitants se sentent laissés pour compte. Europe 1 s’est rendu sur place.

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"On se sent un peu hors du monde". Ici, le taux de chômage atteint les 15%, ce qui entraîne un véritable sentiment d’abandon. Et pour ceux qui travaillent, paysans ou artisans, c’est l’exaspération de voir la pauvreté gagner le monde rural qui domine. "On travaille énormément et on se rend compte qu’on en a de moins en moins… Cela devient intolérable. On se sent un peu hors du monde et on se rend compte dans tous les villages que tout se meurt", confie l’un d’eux, désabusé.

"On n’a pas particulièrement d’arabes, ici dans les campagnes". Au milieu des champs de betterave, la culture majoritaire à Ribemont, les questions d’immigration et de sécurité sont accessoires. Et pourtant, c’est bien le FN qui profite dans les urnes de la situation. "On n’a pas particulièrement d’arabes, ici dans les campagnes. Mais on est berné de tous les côtés, il y a un ras-le-bol et le FN, lui, est présent".

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Le FN, "un des principaux vecteurs de la colère". Un sentiment que le candidat aux élections départementales du FN, Vincent Rousseau, compte bien exploiter. "Nous avons affaire à une pauvreté pudique, avec des gens qui se cachent pour pleurer, qui ne brûlent pas de voitures. Nous sommes devenus l’un des principaux vecteurs de cette colère et il ne fait pas en avoir honte. Je revendique totalement cette composante du vote FN", assure-t-il à Europe 1.

"On donne le bâton pour se faire battre". En face, le candidat sortant socialiste, Michel Potelet, voit bien venir le danger sur ce territoire délaissé par les gouvernements successifs. "Si les responsables nationaux veulent nous aider, ils vaudraient mieux qu’ils se taisent et qu’ils se mettent au vert car ils sont complètement déconnectés du terrain. A partir du moment où on ne s’occupe pas  suffisamment des gens sur le terrain, on donne le bâton pour se faire battre", juge-t-il.

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