La France savait tout sur le régime Ben Ali

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Le gouvernement français était parfaitement informé de la corruption et de l'exaspération de la population en Tunisie sous le président Zine ben Ali et pouvait prévoir la situation ayant conduit à sa chute, déclare Yves Aubin de la Messuzière, ambassadeur de France en Tunisie de 2002 à 2005, dans une tribune publiée dans Libération

Il explique que l'ambassade avait informé Paris de la dégradation des libertés publiques, de la corruption et de l'exaspération de la jeunesse. "Les autorités politiques françaises étaient donc parfaitement informées des dérives du système Ben Ali, qui rejetait toute référence à la question des droits de l'homme (...) L'expertise du Quai d'Orsay était négligée", écrit-il.

La menace islamiste brandie par le régime Ben Ali, un thème repris par le pouvoir français, était relativisée. "L'analyse diplomatique privilégiait le risque de mouvements sociaux à la menace islamiste", écrit l'ambassadeur. Il estime que les propos de Nicolas Sarkozy en visite à Tunis en 2008 et évoquant un progrès des libertés publiques, "avaient suscité l'incompréhension et l'indignation".