En visite à Florange, Hollande évite les manifestants

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L'ESSENTIEL - Le président de la République s'y est rendu pour la troisième fois en trois ans.

François Hollande l'avait promis aux ouvriers d'ArcelorMittal l'an dernier, après la fermeture des hauts-fourneaux de Florange : il reviendrait chaque année "pour veiller aux engagements qui ont été pris". Une promesse que le président a tenue lundi, notamment en inaugurant une future plateforme publique de recherche et développement industriel et une nouvelle usine aéronautique. "Florange, c'est le symbole qu'après une crise, la réussite est possible", s'est-il enorgueilli.

>> LES TROIS INFOS A RETENIR

- François Hollande était en Lorraine, symbole des difficultés de la sidérurgie française.
- C'est la troisième fois en trois ans que le chef de l'Etat s'est rendu à Florange, où il avait promis de revenir chaque année après la fermeture des hauts fourneaux.
- Le président a emprunté une sortie de secourspour éviter des syndicalistes en colère

• "Il n'y a eu aucun licenciement" à Florange

Comme prévu, le chef de l'Etat est arrivé  dans le val de la Fensch (Moselle) vers 9h45. C'est ici, à Uckange, que la plateforme publique de recherche et de développement industriel doit ouvrir fin 2015. L'annonce avait été faite par le président de la République en septembre 2013, lors de sa précédente visite. L'Etat devrait finalement apporter 50 millions d'euros au projet, et non 20 millions comme prévu. "Je reviendrais chaque année pour vérifier l'exécution du plan qui avait été présenté. Ma conviction, c'est que la Lorraine est une terre industrielle d'avenir. Parce que ce territoire a un savoir-faire, un potentiel, et des ouvriers capables de mettre au point les meilleures technologies. Ici on invente des matériaux nouveaux, des procédés qui vont bouleverser la production, qui vont permettre d'économiser de l'énergie", a lancé le chef de l'Etat lors de son discours.

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"Florange doit être un anti-Gandrange", a encore lancé le président, en référence à l'aciérie lorraine fermée par ArcelorMittal en 2009 sous le mandat de Nicolas Sarkozy. A Florange, si les hauts fourneaux "n'ont pas été rouverts, il n'y a eu aucun licenciement, des investissements massifs sont lancés et le site crée de nouveaux emplois", a-t-il assuré.

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Un optimiste qui s'explique pour partie par l'annonce par ArcelorMittal , la semaine dernière, de trente embauches en CDI à Florange, les premières sur le site depuis 2008. "Autant le seront en 2015 avec d'autres CDI et un doublement du nombre des apprentis", a même affirmé ce lundi matin le chef de l'Etat, avant de conclure son intervention par une note d'espoir car, pour lui, c’est dans cette région que "se situe la bataille de l’industrie" et "tous les grands pays ont besoin d’une base industrielle solide. (...) La France doit avoir confiance en son avenir, en ce qu’elle peut porter, ce qu’elle a porté (...) L’histoire sert de fierté. Ce qui a été accompli par des générations peut l’être encore".

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• Hollande a évité les manifestants

Après son passage à Uckange, François Hollande s'est rendu dans les bureaux de Florange (photo ci-dessus) , où nombre de salariés en colère l'attendaient. Le chef de l'Etat est parvenu à les en passant par une autre entrée, a constaté un journaliste de l'AFP. Lors de la précédente visite du président à Florange en septembre 2013, le convoi présidentiel était entré sur le site par l'entrée principale, sous les huées de manifestants. Pas question de revivre cela en 2014. "Passer par la petite porte, c'est un manque de respect. Ne pas faire face à une centaine de salariés et une trentaine de syndicalistes, ça résume bien l'état d'esprit", a commenté Lionel Burriello, de la CGT Florange. Les manifestants brandissaient quelques drapeaux CGT, ainsi de que des pancartes proclamant: "La décomposition des promesses du parti socialiste, c'est le terreau du FN" et "Sarkozy hier, Hollande aujourd'hui se prosternent devant les patrons".

Et pendant qu'il discute avec des membres de la direction et des salariés reclassés, des agriculteurs ont profité de la présence du chef de l'Etat pour manifester eux aussi :

• Florange, "tournant du quinquennat"

Sortie du gouvernement fin août pour incompatibilité avec la ligne politique de l'exécutif, Aurélie Flippetti est désormais une femme libre de dire ce qu'elle veut. Une liberté dont elle a profité quelques heures avant la venue de François Hollande à Florange. Pour la députée socialiste de Moselle, la fermeture du site sidérurgique a ainsi été un "tournant du quinquennat" présidentiel. "Dans Florange, beaucoup d'espoir avait été soulevé pendant la campagne de 2012", a relevé l'ex-ministre sur France Info. "Il avait pris des engagements très forts pour une vraie politique industrielle, un vrai volontarisme, une créativité en matière économique", a-t-elle souligné. Pas étonnant, dès lors, de voir la bise glaciale échangée avec François Hollande à son arrivée...

Quant à Edouard Martin, le député européen et ex-syndicaliste CFDT de l'usine Florange, "la tristesse et la colère sont toujours là, et cette fermeture restera pendant longtemps une blessure béante (...)". "Maintenant il faut se tourner vers l'avenir et faire en sorte que le site soit pérennisé de manière définitive avec la production d'acier de très haute qualité, qui se vend très bien en ce moment", a-t-il défendu sur France Inter. Et de conclure : "j'ai peur que Mittal nous refasse le même coup dans cinq ans".