Départementales : la gauche, le piège de la désunion

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Louis Hausalter , modifié à
EN ROUTE POUR LE DÉSASTRE - Les appels à l'unité n'y ont rien fait : le vote de gauche sera morcelé entre le PS, le Front de gauche et les écologistes. Et la purge s'annonce sévère.

"On assiste à un suicide politique en direct". L’expression est signée du premier secrétaire du Parti socialiste. Jean-Christophe Cambadélis déplorait la semaine dernière la division de la gauche avant les élections départementales, dont le premier tour a lieu dimanche. Un seul chiffre illustre cette désunion : seul un candidat écologiste sur cinq a fait alliance avec un socialiste. Qu'il est loin, l'accord national signé entre les deux partis avant la présidentielle de 2012…

Un bloc de gauche solide... Au vu des sondages, le patron du PS a toutes les raisons de se mordre les doigts de cette division. Selon une enquête Ifop pour Europe 1 et Le Figaro, le FN (30% des intentions de vote) et l'UMP-UDI (29%) font la course en tête. Mais en additionnant les intentions de vote pour le PS (19%), le Front de gauche (6%), les écologistes (3%) et les divers gauche (5%), on obtient un total de 33% pour le bloc de gauche. Soit plus que le FN.

…mais morcelé. L'éparpillement du vote de gauche, c'est ce qui avait coûté à Lionel Jospin sa place au second tour de l'élection présidentielle, le 21 avril 2002, au profit de Jean-Marie Le Pen. Rue de Solferino, on redoute donc une multitude de petits "21 avril" dimanche soir. Les prévisions des socialistes oscillent entre 300 et 800 cantons dans lesquels la gauche serait éliminée dès le premier tour, laissant place à de nombreux duels UMP/FN, et donc à un boulevard pour le parti de Nicolas Sarkozy. La forte abstention prévue (54%) complique encore les choses, puisqu'un binôme de candidats doit atteindre le seuil de 12,5% des inscrits pour se qualifier pour le second tour.

Appels vains à l'unité. Face à cette menace, les ténors du PS se sont pourtant démenés, multipliant les appels à l'union de la gauche. Dans Challenges la semaine dernière, François Hollande lui-même a souhaité "que la gauche évite la dispersion". Des imprécations qui ont laissé de marbre ceux qui refusent l'unité. Invitée dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/iTélé, Cécile Duflot a clairement refusé tout retour des écologistes dans le giron de l'exécutif tant que la politique menée n'irait pas "dans le bon sens". La députée EELV préfère croire en l'émergence d'une "nouvelle force politique". Sous-entendu : sans le PS.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon prône lui aussi l'autonomie de la gauche de la gauche, renvoyant les trois principaux partis dos à dos. "Les Français auraient à choisir entre la guerre civile avec le FN, l'austérité sans fin avec le PS ou l'austérité sans fin avec l'UMP", a lancé l'eurodéputé la semaine dernière sur France 2.

Une saignée annoncée. Des déclarations qui actent une fracture politique réelle au sein de la gauche. Trop grande, en tout cas, pour pousser ses différentes composantes à s'unir face au carton annoncé du FN. Résultat : la gauche, qui contrôle actuellement 61 départements, sait déjà qu'elle va tomber de haut le 29 mars, à l'issue du second tour.

Infographie gauche AFP

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