Chirac blague, les politiques rient jaune

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avec AFP , modifié à
REACTIONS - La plaisanterie de Chirac sur Hollande ne fait pas sourire tout le monde.

L’ancien président de la République Jacques Chirac a expliqué dimanche matin qu'il faisait de l'"humour corrézien" lorsqu'il a déclaré, samedi, qu'il voterait pour François Hollande en 2012. Une blague qui ne fait pas sourire tout le monde au sein du Parti socialiste.

"De l'humour et de la reconnaissance"

Manuel Valls, candidat à la primaire PS, a jugé dimanche à propos de la déclaration de Jacques Chirac que "la référence à Jacques Chirac" n'était "pas pour le présent, le passé et l'avenir une référence positive". "On peut y voir de l'humour et de la reconnaissance" envers François Hollande qui, en tant que président du conseil général de la Corrèze, "a permis le financement du musée de Jacques Chirac", a déclaré le député-maire d'Evry sur Radio J.

Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste a estimé que les propos de Jacques Chirac montraient qu'il y a à droite "une partie de responsables politiques" qui veulent un "changement en 2012" et la défaite de Nicolas Sarkozy. "Tout le monde est bienvenu pour voter à la primaire, Jacques Chirac comme un autre, comme tous les citoyens", a tout d'abord ironisé Ségolène Royal sur le plateau de Dimanche+. "Peut-être entre hier et aujourd'hui", Jacques Chirac s'est "rendu compte que, pour venir voter à la primaire, il fallait signer un engagement pour les valeurs de gauche et pour exprimer sa volonté de changement en France", a commenté Ségolène Royal.

André Vallini, député PS de l'isère, a estimé lundi sur Europe 1 que Jacques Chirac avait en fait reconnu en François Hollande des "capacités d'homme d'Etat". "Pour gagner la présidentielle, un socialiste doit bien sûr rassembler toute la gauche mais il faut aussi que des Républicains de l'autre rive viennent voter pour vous parce que la gauche seule n'est pas majoritaire", a martelé le député.

Il "sait ce qu'il fait"

Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, a estimé, quant à lui, sur France 2 que "Jacques Chirac sa(vait) très bien ce qu'il faisait en disant" qu'il voterait pour François Hollande. "Je pense que Jacques Chirac sait très bien ce qu'il faisait en disant cela. Il savait qu'il exprimait une certaine distance vis-à-vis de Nicolas Sarkozy et la disponibilité de très nombreux Français à une autre politique", a déclaré le député strauss-kahnien.

Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, y voit, lui, une simple "boutade, une pique" à l'adresse de l'actuel locataire de l'Elysée.

Stéphane le Foll, proche de François Hollande, a conseillé pour sa part lundi "de prendre la plaisanterie de Corrèze, pour une plaisanterie de Corrèze". Soulignant le cadre particulier où a eu lieu cette remarque, une exposition dans le musée de Jacques Chirac, il conseille "d'éviter d'en tirer des conclusions définitives". "J'ai l'impression que Jacques Chirac a envoyé un message surtout à Nicolas Sarkozy", a ajouté Stéphane Le Foll.

"Une vraie-fausse boutade"

A droite, Jean-Marie Le Pen, le président d'honneur du Front national, estime que Jacques Chirac avait exprimé "le fond de sa pensée". "Certains pensent que c'est une galéjade, d'autres que c'est une attaque déjà forte d'Alzheimer et certains pensent comme moi que c'est le fond de sa pensée", a-t-il dit. "Peut-être que Chirac croit que la Corrèze a pris son indépendance et que Hollande est candidat à la présidence de la République de Corrèze", a encore ironisé Jean-Marie Le Pen.

Dominique de Villepin a estimé lundi que ses propos avaient "tout d'une vraie fausse boutade". L'ex-président est "un homme à la fois taquin, provocateur et surtout plein d'humour" a ajouté l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Selon lui, Jacques Chirac n'avait sans doute "aucune idée qu'il y avait une perche (de micro) au-dessus de lui qui guettait le moindre de ses mots".

Le président de de Debout la République (DLR), Nicolas Dupont-Aignan, a lui jugé lundi que Jacques Chirac avait "dit ce qu'il pensait" soulignant qu'"avec de l'humour, on fait toujours mieux passer un message".

"Chirac et Bernadette voteront ensemble pour Sarkozy"

A l'UMP, Marie-Anne Montchamp a estimé que l'ancien président avait fait un trait d'esprit. "Je crois que le président Chirac, qui est maintenant totalement libre de ses propos, n'a pas résisté à l'envie d'être un peu taquin et malicieux", a déclaré la secrétaire d'Etat aux Solidarités. Elle a jugé que c'était "tout à fait son caractère de mettre un peu de l'huile sur le feu comme ça et de faire un bon mot". Elle s'est dite "absolument convaincue" qu'il s'agissait d'une plaisanterie, en soulignant que l'on savait "très bien" que "le président Chirac apprécie les qualités humaines de François Hollande".

Pour le député UMP Eric Raoult, il s'agit aussi bien évidemment d'une boutade. "Le président Chirac ne pense pas que François Hollande puisse être un jour président de la République. Mais faites confiance à Bernadette Chirac pour qu'au moment où ils iront voter, Chirac et Bernadette voteront ensemble pour Sarkozy", dit-il.