Banque mondiale : Paul Wolfowitz poussé vers la sortie

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Administrator User , modifié à
C'est la fin d'une longue crise à la Banque mondiale. Le président Paul Wolfowitz, accusé d'avoir favorisé l'avancement de sa compagne employée aussi à la Banque mondiale, a accepté de renoncer à ses fonctions qu'il quittera le 30 juin. Paul Wolfowitz avait joué un rôle moteur dans le recours à la force contre le régime de Saddam Hussein avant d'être nommé à la Banque mondiale.

Sauver les apparences tout en mettant fin à une situation de crise. Après des semaines de tumulte et d'affrontements entre Européens et Américains, la Banque mondiale a trouvé un moyen de sortir par le haut de l'affaire Paul Wolfowitz, du nom de son président. Paul Wolfowitz était accusé d'avoir favorisé l'avancement de sa compagne, Shaha Riza, experte du Proche-Orient auprès de la Banque mondiale. Finalement, dans un communiqué publié jeudi par le conseil d'administration de l'institution, Paul Wolfowitz a annoncé sa démission. "Les gens les plus pauvres au monde (...) méritent ce que nous pouvons faire de mieux. Il est maintenant nécessaire de trouver un moyen d'aller de l'avant", a ajouté Paul Wolfowitz, l'ancien numéro deux du département américain de la Défense. Visiblement soucieux de sauver les apparences, le conseil d'administration de la Banque mondial a reconnu que Paul Wolfowitz, 63 ans, a agi de bonne foi, sans déroger à l'éthique de l'institution. Pourtant une commission d'enquête interne dont le rapport a été remis lundi avait estimé que "le contrat de M. Wolfowitz, exigeant qu'il adhère au Code de conduite pour les membres du conseil et qu'il évite tout conflit d'intérêt, réel ou apparent, a été violé". Selon les membres européens du Conseil d'administration, le président de la Banque mondiale a pris sa décision mercredi lorsqu'il a réalisé avoir perdu l'appui des pays en voie de développement. Paul Wolfowitz aura résisté longtemps aux appels à la démission, assurant avoir suivi les recommandations du comité d'éthique en favorisant l'avancement de sa compagne Shaha Riza et affirmant ne pas avoir à porter seul la responsabilité des faits qui lui sont reprochés. En tout cas, cette démission met fin à un tumultueux mandat de deux ans marqué aussi par le passé de Paul Wolfowitz au Pentagone et en particulier par son rôle moteur dans le recours à la force contre le régime de Saddam Hussein. Les appels à la démission se sont faits de plus en plus insistants après la publication de ce rapport, notamment de la part de l'Allemagne où Wolfowitz devait assister ce week-end à un conseil des ministres des Finances du G8, dont les Etats membres sont les premiers contributeurs de la Banque mondiale. Le président américain George Bush, qui souhaitait le voir rester à son poste, a accepté sa démission à contrecoeur, a fait savoir Tony Fratto, porte-parole de la Maison blanche, selon lequel un nouveau candidat sera désigné prochainement. La présidence de la Banque mondiale est traditionnellement dévolue à une personnalité américaine et Bush entend bien perpétuer cette tradition, a souligné un membre de l'équipe présidentielle ayant requis l'anonymat. Le personnel de la banque s'est, quant à lui, réjouit de cette issue. "Tout le monde courait dans les allées, applaudissait et s'embrassait", raconte un employé. L'affaire a soulevé une vague d'indignation parmi les 10.000 salariés de l'institution, dont les représentants sont allés jusqu'à écrire au Conseil d'administration pour se plaindre des conséquences sur leur travail, notamment dans la lutte contre la corruption. L'association du personnel, à l'origine de l'enquête sur la promotion de Shaha Riza, juge la date du 30 juin inacceptable et exige la mise en disponibilité immédiate de Wolfowitz, qui a, selon elle, "complètement sapé les principes de bonne gouvernance" qu'elle s'efforce de maintenir.