Laurent Nuñez police ministre de l'Intérieur Castaner
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Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez revient sur le malaise des policiers et tente de rassurer. 
INTERVIEW

Mercredi, ils étaient 22.000 policiers à manifester leur colère dans les rues de Paris. Une mobilisation inédite depuis près de 20 ans, à l’appel d’une large intersyndicale. Les fonctionnaires dénonçaient le malaise dans l’institution. Mercredi sur France 2, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a pourtant rappelé la hausse "de plus d'un milliard d'euros" du budget de la Police nationale depuis le début du quinquennat. Pas suffisant, selon les policiers. Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, réagit mercredi matin sur Europe 1.

"Beaucoup a été fait pour les policiers. Le malaise dans la police est le fait que, depuis 2015, avec les attentats, les manifestations contre la loi El Khomri en 2016, et le mouvement des "gilets jaunes", il y a eu des mots très durs à l'encontre des policiers et des gendarmes. Ils ont été rudement éprouvés, et c'est ce qu'ils voulaient exprimer hier : un ras le bol contre les violences commises par une minorité de la population". 

Entendu sur europe1 :
"Toute revendication est légitime dans notre pays"

La manifestation a certes mobilisé, mais le secrétaire d'Etat rappelle qu'un certain nombre de policiers étaient malgré tout à leur poste. "Certains policiers ont exprimé une revendication légitime, d'autres étaient au travail. On ne compte pas les manifestations policières, c'est une tradition. Ils se sont comptés eux-mêmes, mais on n'a aucune raison de penser que ces chiffres ne sont pas bons."

Plus que l'augmentation du budget, les policiers attendent de la reconnaissance. Et leur augmentation de salaire devrait aider. "Le budget reste une question importante", maintient Laurent Nuñez. "Et nous sommes présents : le budget va encore augmenter l'année prochaine de 5,3%. Les policiers vont toucher 130 euros mensuels en plus. Une réelle attention budgétaire est portée. Ce qui n'a pas toujours existé par le passé."

Entendu sur europe1 :
"Il n'y a pas de laxisme, on l'a bien vu avec les investigations judiciaires menées en marge des gilets jaunes

Certains policiers dénoncent aussi le laxisme de certains juges. "La réalité, c'est que j'ai aussi beaucoup d'exemples d’interpellations suivies de prison ferme", assure Laurent Nuñez. " Il y a des procédures dans notre pays, un droit de la défense qui entre en jeu. A la suite de certains procès, des prévenus sont relâchés. Je peux comprendre que cela agace certains policiers. Mais il n'y a pas de laxisme, on l'a bien vu avec les investigations judiciaires menées en marge des "gilets jaunes", où la réponse judiciaire a été extrêmement ferme". 

Quant à la réforme des retraites, LE grand sujet de l'an II du quinquennat Macron,  les policiers craignent de perdre leurs avantages avec ce nouveau régime universel. "Le haut-commissaire a fait des recommandations, qui sont de prendre en compte la dangerosité et la difficulté du métier. Des discussions vont s'engager à partir du 18 octobre avec les syndicats pour définir le périmètre des agents concernés. La dangerosité du métier sera reconnue certes, mais dans des conditions qui restent à discuter."