Stéphane Guillon a "des plaisanteries extrêmement sexistes"

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A.H. , modifié à
Pendant un an, François Jost, professeur à la Sorbonne, a étudié les sketchs de Stéphane Guillon à la télévision. Et il s'étonne de ne pas le voir davantage "pourchassé" sur les réseaux sociaux, compte tenu du "sexisme" de ses propos.
INTERVIEW

Stéphane Guillon a fait de l'humour noir son fonds de commerce, et il le revendique. Mais pour François Jost, professeur émérite en sciences de l'information et de la communication à l'université Sorbonne Nouvelle Paris III, et auteur de La méchanceté en actes à l'ère du numérique, publié au CNRS, cet humour "ad nominem" est tout bonnement "méchant". Bien plus que Les Guignols ou Coluche ne l'étaient à leur époque. Pire, le professeur estime que les blagues de Stéphane Guillon, qui officiait encore il y a peu dans l'émission Salut les terriens sur C8, sont "sexistes".

"Lui, il a des couilles. Lui, il n'en a pas". "J'ai étudié pendant un an ses sketchs. Ce sont des plaisanteries en général extrêmement sexistes. Quand on l'écoute, on s'aperçoit que revient sans arrêt l'idée : 'Lui, il a des couilles. Lui, il n'en a pas'", dénonce le spécialiste dans Village Médias, sur Europe 1. Dans son ouvrage, François Jost évoque notamment, comme cause de l'accentuation de la méchanceté dans les médias, l'omniprésence des réseaux sociaux, sur lequel le jugement est globalement devenu légion. Mais il s'étonne que face aux sketchs de Stéphane Guillon, ces mêmes usagers des réseaux sociaux ne se soulèvent pas davantage. "Curieusement, il n'a pas été pourchassé par les réseaux sociaux, mais il aurait pu l'être", estime-t-il.

"Un Dîner presque parfait, une machine à fabriquer des clashs". Par ailleurs, pour François Jost, ce qui a démocratisé la méchanceté à la télévision, ce sont les émissions dites "feel-good", comme Un Dîner presque parfait. Cette émission "repose sur le fait de prendre des gens qui sont très opposés. On va prendre quelqu'un de très snob et le mettre avec quelqu'un de très simple. C'est une machine à fabriquer des clashs", dénonce l'expert.