"Pédophilie, un silence de cathédrale" : les victimes prennent la parole

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G.P. , modifié à
À visage découverts et avec émotion, des dizaines de personnes abusées sexuellement par des prêtres, durant leur jeunesse, se livrent dans un documentaire diffusé sur France 3.

Ils s'appellent David, Patrick, Audrey ou encore Alexandre. Ils ont 56 ans, 38 ans, 32 ou 36 ans. Tous victimes d'un prêtre pédophile dans leur enfance. Tous ont choisi de témoigner à visage découvert. Ils racontent, souvent avec beaucoup d'émotion, comment on a abusé d'eux dans leur jeunesse. Et comment, parfois, leur témoignages ou ceux de leurs parents ont tenté d'être étouffés par les autorités ecclésiastiques. Dans Pédophilie, un silence de cathédrale, mercredi sur France 3 à 20h55, ces dizaines de victimes prennent la parole pour dénoncer ces abus, subis pendant des années.

Il y a un an, une enquête de Mediapart, menée par les journalistes indépendants de We Report, révélait un scandale de pédophilie sans précédent dans l'Eglise catholique française. Avec des chiffres terribles : 25 évêques auraient couvert 32 auteurs d'abus sexuels sur 339 victimes présumées. L'enquête était publiée en même temps que celle de Cash Investigation, sur le même sujet, diffusée sur France 2.

Le déclic de La parole libérée. Pédophilie, un silence de cathédrale revient en détail sur la manière dont ces affaires ont éclaté. C'est notamment grâce à la persévérance de trois hommes, François Devaux, Bertrand Virieux et Alexandre Dussot. Ils ont créé l'association La parole libérée en 2015. Au départ, il s'agissait d'aider les victimes présumées du père Preynat, accusé d'agressions sexuelles entre 1986 et 1991 sur des jeunes scouts qu'il encadrait, dans la région du Rhône.

Lorsqu'on regarde le documentaire de France 3, on se rend compte à quel point cette association a permis à des victimes de se reconstruire et de témoigner. Certains n'avaient jamais osé aborder les faits. D'autres pensaient même en être les responsables. "On s’est rapidement rendu compte qu’il y avait beaucoup de victimes", explique François Devaux. Au point d'ouvrir une boîte de Pandore, qui dépassera même les frontières françaises et mêlera les plus hauts dignitaires de l'Eglise française, à l'image du cardinal Philippe Barbarin. Son procès pour non-dénonciation d’agressions sexuelles devrait avoir lieu en octobre 2018.

Avec Pédophilie, un silence de cathédrale, c'est tout un système de mise sous silence perpétré pendant des années qui apparaît au grand jour, de la bouche même des victimes. Christian Terras, directeur du magazine catholique Golias, assène ainsi dans le documentaire : "Je crois que lorsque l'Eglise catholique arrive à un tel niveau, où la perversion d'un prêtre se croise à la perversion d'un système, on est vraiment dans ce que j'appelle une mafia".