Les Français demandent plus de lenteur dans le traitement de l'information. Photo d'illustration. 3:09
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Invités vendredi d'Europe 1, Axel Dauchez et Jean-Michel Salvator ont étudié les principales propositions des Français pour améliorer le traitement de l'information dans les médias. 

Souvent critiqués et confrontés, notamment dans le cas de la presse écrite, à une baisse continue des ventes, les médias peuvent-ils enrayer la crise qu'ils traversent ? Pour mieux comprendre les aspirations des Français, la plateforme Make.org a procédé à une large consultation auprès de 104.000 personnes, leur demandant "comment les médias peuvent-ils améliorer la société?". Ces participants ont travaillé sur 1.605 propositions pour améliorer les médias.

>> Invités vendredi de Culture Médias sur Europe 1, le fondateur de la plateforme Axel Dauchez, ainsi que Jean-Michel Salvator, co-auteur du livre Les journalistes sont formidables, ont dévoilé les principales attentes formulées par les participants. 

Une information qui prend son temps 

Concernant le traitement de l'information, les Français consultés réclament plus de lenteur et approfondissement. "Les gens sont perdus", note Axel Dauchez, fondateur de la plateforme Make.org. Et même s'ils consultent l'information en continu, "cela ne leur apporte pas la satisfaction qu'ils en attendent". Les consommateurs rejettent particulièrement la reprise des dépêches AFP sur l'ensemble des sites d'information. "Les gens s'en rendent compte, et c'est un reproche", assure Alex Dauchez. Ils réclament ainsi "des traitements de fond, un suivi dans la durée et non des à-coups". 

Cette demande ne constitue pas pour autant un rejet des chaînes d'information, nuance Jean-Michel Salvator, qui rappelle que les Français "s'informent massivement sur les sites internet et les chaînes d'information". "25% des Français ont entre deux et cinq applications d'info sur leur téléphone portable", détaille-t-il encore. 

Prenant l'exemple d'une chaîne comme Arte, souvent citée en exemple mais toujours devancée par d'autres chaînes en terme d'audiences, ou encore l'avance forte de BFM-TV, pourtant régulièrement critiquée, sur Franceinfo, Jean-Michel Salvator estime que "les médias dont les gens rêvent existent, mais ils ne les regardent pas". 

Plus de pédagogie, mais aussi d'investigation

Deuxième idée ressortant de la consultation, les personnes interrogées demandent plus de pédagogie et d'expertise dans les médias. "Ils veulent plus de valeur scientifique avec de vrais experts, indépendants et en même temps moins d'éditorialisation de l'information", détaille Axel Dauchez .

De son côté, Jean-Michel Salvator, prenant l'exemple de la presse écrite, estime que ce mouvement est déjà à l'oeuvre. "De plus en plus, il y a une distinction entre les sites d'infos, qui sont un robinet d'info, et les journaux papiers. La presse d'approfondissement existe. Beaucoup de journaux font un travail énorme de décryptage". 

Alors que les personnes consultées sont également en demande d'une plus grande place accordée à l'investigation, les deux invités d'Europe 1 relèvent que cette volonté est contrecarrée par la volonté d'un certain nombre de rédactions d'assumer les coûts nécessaires à l'investigation. "Ça créé de la frustration et de la déception chez les consommateurs", note Axel Dauchez. Mais pour Jean-Michel Salvator, la responsabilité est aussi à chercher du côté des lecteurs, qui "veulent une info exigeante, mais ne veulent pas payer".  

Un journalisme de pédagogie et de solution

Enfin, les personnes interrogées réclament les sujets positifs et un journalisme de solution. "Il faut trouver des sujets qui ne sont pas forcément les plus noirs", explique Axel Dauchez, selon qui les Français attendent des "médias qui engagent le lecteur à ne pas simplement être informé, mais à passer à l'action". "Il y a une nécessité que les journalistes se mettent à coté des lecteurs", ajoute-t-il.  

"Les Français veulent retrouver dans leurs médias leur vie de tous les jours et des solutions concrètes", appuie Jean-Michel Salvator, qui nuance toutefois l'exigence d'un journalisme plus centré autour des bonnes nouvelles. "Si on fait trop de bonnes nouvelles, les gens vont avoir l'impression qu'on leur cache des choses, et c'est une machine à nourrir le complotisme".