Olivier Tesquet était invité, jeudi, dans "Culture médias". 2:15
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Tiffany Fillon
Peut-être avez-vous déjà remarqué avoir reçu, sur votre téléphone, des publicités pour un produit, juste après en avoir discuté avec quelqu'un. Coïncidence ou non ? Réponse avec Olivier Tesquet, journaliste spécialiste du numérique, invité jeudi dans "Culture médias". 
INTERVIEW

Et si nos téléphones écoutaient nos conversations ? C'est la question à laquelle a répondu, jeudi dans Culture médias, Olivier Tesquet, journaliste à Télérama et spécialiste du numérique. Si, selon lui, "on n'a toujours pas de preuves formelles que nos téléphones nous écoutent", les applications, elles, le peuvent. 

Pour élaborer ce constat, Olivier Tesquet s'appuie sur une expérience scientifique. "Des chercheurs américains ont analysé des milliers d'applications pour vérifier si les téléphones nous écoutaient. A priori, non, on n'a toujours pas de preuves formelles que nos téléphones nous écoutent", affirme-t-il, avant de nuancer ses propos. 

Car le risque pourrait résider non pas dans nos téléphones à proprement parlé mais dans les applications que nous installons. "Certaines applications, quand on les installe, envoient un message pour nous demander si nous les autorisons à accéder au micro. Là, dans ce genre de situations, on sait que cela tourne en tâche de fond". Autrement dit, l'application peut fonctionner en arrière-plan sans même être utilisée et ainsi continuer à envoyer ou recevoir des informations. 

L'intelligence artificielle sollicitée

Selon le journaliste, il faudrait aussi se méfier des assistants vocaux comme Siri d'Apple ou Alexa d'Amazon. "Toutes les grandes plateformes  - Apple, Facebook, Amazon, Google - ont toutes été épinglées parce qu'elles ont sous-traité, dans des pays étrangers, l'écoute d'échanges avec des assistants vocaux grâce à l'intelligence artificielle", explique Olivier Tesquet. Il ajoute même que "des gens ont été payés pour écouter dans des pièces tout un tas d'itérations afin d'entraîner les systèmes d'intelligence artificielle" à écouter les conversations et les interactions avec le téléphone. 

Ces chercheurs américains ont aussi découvert, rapporte Olivier Tesquet, que "certaines applications enregistrent ce qu'ils se passe sur l'écran". Un mécanisme notamment expliqué dans le livre de ce journaliste, intitulé À la trace : Enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance (Ed. Premier Parallèle).