"La Rue des Allocs", la nouvelle émission très décriée de M6

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M6 diffuse mercredi soir les deux premiers épisodes "La Rue des Allocs". Un nouveau programme à mi-chemin entre télé-réalité et documentaire, qui fait polémique. 

Le titre a suffi, à lui seul, à faire polémique. "La Rue des Allocs", c’est le nouveau programme de M6 qui diffuse mercredi soir les deux premiers épisodes. Le principe est simple : proposer aux téléspectateurs une immersion dans un quartier pauvre d’Amiens. Pendant six mois, les caméras ont suivi les habitants du quartier de Saint-Leu, classé zone urbaine sensible en 2014  et où le chômage atteint les 20%. Mais, avec ce titre accrocheur, une voix-off insistante, l’émission est très décriée avant même sa diffusion.

L’inspiration britannique. Premier grief : l’émission devait s’intituler, à l’origine, Zone Prioritaire, selon France Inter. Bien loin de "La Rue des Allocs" dont d'ailleurs les protagonistes n'ont pas été avertis. Mais surtout, le programme emprunte son nom et son concept à son grand frère britannique, "Benefits Street". Diffusée en 2014, l’émission, qui suivait le quotidien d’habitants défavorisés de Birmingham, avait été un succès d’audience, avec plus de 5 millions de téléspectateurs. Mais ce succès s’était aussi accompagné d’une énorme polémique. Les critiques portant sur une stigmatisation et un voyeurisme non dissimulé.

La crainte des habitants : "nous faire passer pour des cas sociaux". Dans le Courrier Picard, certains habitants, qui ont accepté d’être filmés, ont fait part de leurs inquiétudes, sitôt le titre de l’émission connue. "On est quand même choqués", y expliquait ainsi Cindy. "Tout ce que j’espère, c’est qu’ils montreront la réalité de ce qu’ils ont tourné et pas des montages qui nous feraient passer pour des cas sociaux". Les habitants du quartier ont même lancé une pétition intitulée "Fiers de Saint-Leu" et dans laquelle ils appellent à "refuser le voyeurisme teinté de misérabilisme et le mépris de classe en boycottant les émissions racoleuses". Dans un communiqué diffusé mercredi, la FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) en appelle au CSA pour suspendre l'émission "qui "multiplie les clichés, préjugés et remarques stigmatisantes". 

"On stigmatise toujours ces populations". Philippe Theveniaud, secrétaire général de la CFTC Picardie mais aussi président de la CAF de la Somme, est l'un des signataires de la pétition. Il estime auprès d’Europe 1 qu'"il faut arrêter de stigmatiser ces familles pauvres, défavorisées et fragiles". S’il reconnaît que "certains abusent du système mais c’est une minorité", il regrette que le programme ne s’attaque pas au problème de fond, à savoir "comment on en est arrivé là". L’homme craint également que "l’image d’Amiens se trouve à nouveau dégradée" alors que la ville a perdu son statut de capital régional et que des milliers d’emplois ont disparu. "Ce programme, ça me fait penser à 'salaud de pauvres'", conclut-il, amer.

Que répond le réalisateur ? Face à cette polémique, le co-réalisateur Stéphane Munka s’est à plusieurs reprises défendu dans les médias. A L’Express, il récuse toute fraude aux allocations : "On n’a qu’une scène de fraude aux allocations qui porte sur 50 euros. C’est minuscule". Il dénonce également des "critiques effarantes". "On n'est pas dans un cinéma 'Art et Essai' quand on fait une émission sur M6", a-t-il conclu sur Europe 1.

La bande-annonce de l'émission : 


Rue des Allocs, M6 : les premières imagespar telestar_video