Une ex-candidate de Secret Story charge Endemol : "Ils s’en fichent qu’on vive ou qu’on meure"

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Martin Cangelosi avec Rémi Duchemin
Morgane Enselme, participante à Secret Story en 2011, raconte dans un livre les coulisses de l’émission. L’ex-candidate décrit un système orchestré par la production pour que les occupants de la maison soient constamment à fleur de peau. "Nos droits humains ne comptent pas ", accuse-t-elle mardi sur Europe 1.

Treize semaines. C’est le temps que Morgane Enselme a passé dans la maison de Secret Story en 2011. C’est aussi le titre du livre qu’elle a récemment publié et dans lequel elle accuse Endmeol, la société qui produisait l’émission, d’atteinte à la dignité humaine. Cette ex-candidate, dont le secret était "Mon père s’appelle Brigitte", voulait d’abord, assure-t-elle, montrer qu’on peut avoir eu une enfance heureuse même avec un papa transsexuel. Mais elle raconte dans son livre avoir découvert les affres de la téléréalité. 

Nourriture et cigarettes rationnées, électricité coupée

Selon la jeune femme, Endemol, a tout fait pour que ses jeunes recrues soient sans cesse à fleur de peau et que la moindre étincelle se transforme en clash. Par exemple, la production ne met pas assez de nourriture pour tout le monde dans le frigo. Il faut donc se battre pour manger. Idem pour les cigarettes, qui sont rationnées.

Les draps, eux, n’ont été changés qu’une fois en trois mois et pas pour tout le monde. Par ailleurs, la production décide quand vous pouvez vous lisser les cheveux ou vous épiler, puisqu’elle coupe régulièrement l’électricité pour le plaisir. Impossible enfin de savoir s’il est plutôt 15h ou 19h, car l’horloge du four est constamment déréglée. Et des exemples comme ceux-ci, il y en a des dizaines.

Mais il y a pire. Car même l'accès à un médecin est contrôlé par Endemol. A la dixième semaine, Morgane se plaint de maux de ventre. C’est aussi un prétexte pour voir un docteur après qu’elle découvre des plaques rouges au niveau de l’entre-jambe. Il en va ici de son intimité de femme. "Le producteur me répond ‘non mais tu sais si on doit faire venir le médecin, on doit couper les caméras, les micros, ça nous fait du temps d’image en moins donc c’est pas pratique. Donc si tu ne nous dis pas ce que t’as, on ne peut pas savoir si ça vaut le coup de l’appeler ou pas’", rapporte la jeune femme dans Culture Médias, sur Europe 1.

Un suicide qui ne change rien

Morgane participe à Secret Story en 2011, une année loin d’être anodine. Pendant le tournage de l’émission, un candidat d’une ancienne saison, prénommé FX, se suicide. Pourtant, cette année-là, alors qu’un drame vient de se produire, rien ne change pour Morgane et ses concurrents. "C’était une forme de douleur que je n’avais jamais ressentie quand je me suis dit ‘ces gens-là n’ont aucune compassion pour nous et ils s’enfichent qu’on vive ou qu’on meure’. Ça leur fait ni chaud ni froid parce qu’ils ont eu sous les yeux le suicide d’un ancien candidat et ça ne les a pas arrêtés, ça n’a rien changé. Ils ont continué leur façon de faire, leur méthode, pour nous pousser à bout autant que possible. Nos droits humains ne comptent pas".

Morgane estime donc qu’il y a eu atteinte à la dignité humaine. Pourtant, elle a décidé de ne pas porter plainte. "Il y a eu des plaintes contre Endemol, mais ça n’a jamais abouti parce qu’à chaque fois ils se débrouillent pour faire peur aux gens, pour faire traîner, et finalement, c’est des accords amiables où on paye les gens pour qu’ils retirent leur plainte", se justifie l’ex-candidate. "C’est le problème quand on a en face de soi un ennemi qui a des moyens illimités comme ça. "

Quant à TF1 et à Endemol, nous les avons contactés suite aux lourdes accusations de Morgane. Silence radio.