Guillaume Auda d'iTÉLÉ : "Ce n'était pas une grève pour rien"

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G.P. , modifié à
Sur Europe 1, Guillaume Auda et Milan Poyet, journalistes à iTÉLÉ, reviennent sur le conflit social qui a opposé les salariés de la chaîne à leur direction pendant plus d'un mois.
INTERVIEW

Un conflit social historique dans l'audiovisuel français. Du jamais vu depuis Mai 68. Mercredi, les salariés d'iTÉLÉ ont voté la reprise du travail, à l'unanimité moins deux abstentions, après 31 jours de grève. Dans Le grand direct des médias, Guillaume Auda et Milan Poyet, tous deux journalistes à iTÉLÉ, reviennent sur cette mobilisation.

"La charte éthique, c'est une chose importante". Depuis le début de la grève, les revendications des salariés étaient claires.: ils réclamaient davantage de moyens, la signature d'une charte éthique pour garantir l'indépendance de la rédaction, la nomination d'un directeur de la rédaction différent du directeur général et le retrait de l'antenne de Jean-Marc Morandini.

Même s'ils n'ont pas tout obtenu, Guillaume Auda et Milan Poyet assurent que cette grève était nécessaire. "Ce n'était pas une grève pour rien. Je pense, au contraire, qu'il s'agit d'une victoire", indique Guillaume Auda. "On a réussi à inscrire dans le marbre de ce protocole d'accord le mot 'indépendance'. Indépendance à l'égard des pressions économiques, des pressions politiques et des intérêts de nos actionnaires", souligne le journaliste. "La charte éthique, c'est une chose importante. Au début de la grève, ils (la direction, ndlr) ne voulaient pas en entendre parler. (...) Aujourd'hui, elle est dans le protocole d'accord", se félicite également Milan Poyet.

"On a mis beaucoup de temps à être écoutés". La grève aura été longue. 31 jours pendant lesquels le moral et les nerfs des journalistes ont été mis à rude épreuve. "Les discussions ont été âpres, difficiles. On a mis beaucoup de temps à être écoutés sur le fond de nos revendications", déplore Guillaume Auda. Pour autant, le journaliste se refuse à tout raccourci. "Est-ce qu'il s'agissait d'une stratégie dilatoire ? (...) Encore une fois, pas de procès d'intention, mais je regrette qu'on ait mis autant de temps à s'asseoir autour d'une table."

Vague de départs. À ce jour, 35 journalistes ont annoncé leur départ de la chaîne. Parmi eux, des figures historiques comme le journaliste politique Jean-Jérôme Bertolus, le reporter Mathieu Cavada, le chef des sports Olivier Le Foll ou encore le spécialiste de l'international Olivier Ravanello. "Ce sont des choix difficiles. On n'a pas fait le choix de partir, ce sont eux qui nous mettent dehors", constate, amer, Milan Poyet. En tout, près de 60 personnes pourraient quitter iTÉLÉ. "On a eu le sentiment que l'équation posée était : le chèque ou le silence."