Un documentaire sur France 2 se penche sur la question des féminicides. 6:28
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Antoine Terrel
Dans un documentaire diffusée mardi sur France 2, avec la voix-off de la comédienne Laetitia Casta, Lorraine de Foucher et Jérémy Frey se penchent sur cinq féminicides pour analyser la mise en place des violences, en insistant sur l'importance de la question du contrôle par le conjoint violent. 
INTERVIEW

L'enquête, diffusée à 21h05 sur France 2, décortique la mécanique des homicides conjugaux. Mardi soir, la chaîne publique diffuse le documentaire Féminicides, coproduit par le journal Le Monde et la société Bangumi, avant un débat sur le sujet avec notamment la secrétaire d'Etat à l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa. En se penchant sur cinq cas de femmes tuées par leur compagnon, le programme s'intéresse notamment à la question du contrôle exercé par le conjoint, plus difficile à repérer que les coups, notamment pour des forces de l'ordre pas assez bien formées sur la question. 

"On a parfois du mal à évaluer la gravité des situations"

"Dans l'inconscient collectif, il y a beaucoup cette idée que les coups et leur gravité sont le principal marqueur", des violences conjugales, explique Lorraine De Foucher, auteure et réalisatrice du documentaire. Or, ajoute-t-elle, les chercheurs, notamment anglo-saxons, "expliquent que l'un des plus importants facteurs de létalité est le contrôle et la puissance de ce contrôle". Cette situation fait qu'en France, "on a parfois du mal à évaluer la gravité des situations, notamment en termes de réponse des forces de l'ordre", poursuit la journaliste. 

Ainsi, "quand on va au commissariat ou chez un procureur, ils vont évaluer la gravité du dossier en fonction de la taille des bleus, des blessures, de la durée des incapacités temporaires de travail (ITT). Mais le contrôle, en jours d'ITT, ça ne donne rien". Et Lorraine de Foucher d'interroger : "Comment fait-on pour faire rentrer cette forme de prédation dans le système judiciaire actuel ? Ce contrôle va énormément fragiliser la victime à des niveaux très profonds", et il sera "difficile" pour elle de s'en sortir.

"C'est toujours la parole de l'homme qui prime"

Autre élément frappant du documentaire, plusieurs femmes victime de violences se retrouvent dans un déni. "Il y a un phénomène de dissociation", confirme Lorraine De Foucher, selon qui il faut bien comprendre à quel point, pour ces femmes victimes, "ce sujet se joue au niveau émotionnel". 

Jérémy Frey, le co-réalisateur, a lui été frappé par le profil des hommes violents décrits dans le documentaire. "On pense toujours à des monstres violents, que le fait qu'ils battent leur femme est écrit sur leur front". Or, a-t-il constaté, "ça peut être un peu 'monsieur tout le monde'". Par ailleurs, il confie également avoir été marqué par le fait que "c'est toujours la parole de l'homme qui prime". Pour mieux appréhender la question des violences conjugales, "il y a encore du boulot", conclut Lorraine de Foucher. Et le documentaire compte bien y participer un peu.