Comment Paris Match a convaincu Nafissatou Diallo de s'exprimer sur l'affaire DSK

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Charles Decant avec Alexis Patri , modifié à
Olivier O’Mahony a interviewé Nafissatou Diallo, neuf ans après l'affaire DSK, pour Paris Match, en kiosques ce jeudi. Le journaliste a expliqué sa démarche au micro d'Europe 1, jeudi matin.

C'était en 2011, une éternité avant le mouvement #MeToo. Nafissatou Diallo, femme de chambre à l'hôtel Sofitel de New York, accusait Dominique Strauss-Kahn, alors président du Fonds Monétaire International et favori des sondages pour la présidentielle de 2012,  d'agressions sexuelles. S'en était suivie une tempête médiatique mondiale. Neuf ans plus tard, elle s'exprime pour la première fois publiquement sur l’événement qui a bouleversé sa vie, dans une interview qui fait la Une de Paris Match, jeudi 10 septembre. Son intervieweur, le journaliste Olivier O'Mahony, explique à Europe 1 comment il a convaincu Nafissatou Diallo de témoigner. 

Plusieurs demandes du journaliste

Sa dernière apparition publique remontait à la fin du procès, qui s’est achevé en 2012 par un accord à l’amiable, une procédure fréquente aux États-Unis. Et elle n’avait jamais parlé à la presse. Olivier O’Mahony, correspondant de Paris Match aux États-Unis, avait à l’époque suivi la séquence restée sous le nom d'"affaire DSK". Il a croisé Nafissatou Diallo à plusieurs reprises. C’est finalement début 2020, et un peu par hasard, que le journaliste apprend qu’elle a écrit un livre, passé inaperçu, et qu’elle est peut-être prête à parler.

Laver son honneur de femme

Le correspondant de Match a expliqué à Louise Bernard pour Europe 1 les coulisses de cette interview. "Cela n'a pas été facile de mener cette interview, qui a duré près d'une heure et demie", révèle Olivier O'Mahony. "Nafissatou Diallo, neuf ans après les faits, reste extrêmement émotionnelle. Donc lui poser des questions précises sur des faits qui la ramènent à un cauchemar n'est pas chose aisée, évidemment. Les gens l'ont accusé d'avoir manipulé Dominique Strauss-Kahn pour toucher de l'argent. Une accusation qui la fait pleurer, littéralement."

Le journaliste précise ensuite : "C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle veut parler : elle dit vouloir laver son honneur. C'est très important pour elle de le faire dans le contexte actuel du mouvement #MeToo, où la parole des accusatrices est certainement plus respectée qu'elle ne l'était autrefois."

Selon le journaliste, Nafissatou Diallo n’a, a priori, pas signé de contrat de confidentialité dans le cadre de l’accord à l’amiable avec DSK. Ce qui expliquerait qu'elle ait pu publier un livre et donner cette interview exclusive. "Ella  dû voir ça avec son avocat, mais je ne pense pas qu'elle prenne de risque en parlant. On verra la réaction des avocats de Dominique Strauss-Kahn", complète Olivier O'Mahony au sujet de l'interview où Nafissatou Diallo parle d'"accident" mais n’utilise jamais les mots “viol” ou “agression sexuelle”. L'ancienne femme de chambre ne parle pas non plus de la procédure judiciaire.

Une affaire passée ? 

Alors évidemment, certains estiment que tout cela est passé, et s’interrogent sur l’intérêt d’interroger Nafissatou Diallo après tout ce temps. Une question qu’a posé Louise Bernard à Olivier O’Mahony. "L'objet de l'interview n'est pas de rouvrir la controverse ou de refaire le procès", prévient-il. "Dans la mesure où l'affaire a été classée, on ne saura jamais ce qui s'est passé dans la suite 2806 du Sofitel. Par contre, il me semblait important de connaître l'avis et le point de vue de Nafissatou Diallo, qui est quelqu'un bien malgré elle a peut-être changé le cours de l'histoire de France. On ne savait rien sur elle, et cette interview révèle plein de choses sur sa vie d'avant, sur la façon dont elle a vécu ce scandale et pourquoi il y a eu ces doutes sur la véracité de ses accusations."

L'interview complète de Nafissatou Diallo par Olivier O'Mahony est a retrouver dans le numéro de Paris Match publié jeudi 10 septembre.