La décision de la direction de l'AFP fait polémique en interne. 1:24
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Charles Decant, édité par Antoine Terrel , modifié à
L'Agence France-Presse n'a pas souhaité s'associer à la lettre de soutien à Charlie Hebdo, de nouveau la cible de menaces après avoir republié les caricatures de Mahomet. La direction assure vouloir protéger ses journalistes en poste dans des pays musulmans où le blasphème est interdit. Mais en interne, cette décision est très critiquée. 

La décision fait polémique, y compris en interne. Mercredi, près d'une centaine de médias, dont Europe 1, ont publié une lettre ouverte appelant à se mobiliser en faveur de la liberté d'expression, en soutien au journal satirique Charlie Hebdo, objet de nouvelles menaces après avoir décidé de republier les caricatures de Mahomet. Mais un grand titre ne figure pas dans la liste des signataire : l'Agence France-Presse. 

Il ne s'agit pas d'un oubli. L'AFP a bien été contactée pour signer ce texte. Mais elle a refusé de le faire, mettant en avant sa volonté de ne pas mettre en danger ses correspondants installés dans des pays musulmans, où le blasphème n’est pas un droit. L'AFP "savait qu'elle s'exposerait à des réactions d'incompréhension, à des procès en lâcheté, à des dénonciations de soumission" mais a fait "primer la sécurité" des journalistes sur le terrain, a justifié le PDG de l'agence, Fabrice Fries, tout en ajoutant dans un communiqué que "la direction de l'AFP s'alarme des nouvelles menaces qui pèsent sur Charlie Hebdo et exprime sa pleine solidarité à ses équipes".

En interne, on dénonce "une abdication"

Mais en interne, la décision a du mal à passer. Dans un virulent communiqué, le syndicat SNJ de l'agence et les membres de la Société des journalistes la condamnent et font part de leur "consternation". Pour eux, l'argument de la direction n'est pas recevable. Début septembre, le SNJ s'était déjà ému quand l’AFP avait publié une version modifiée de la une de Charlie Hebdo où apparaissaient les caricatures de Mahomet. Son communiqué se termine avec cette phrase : "La direction de l'AFP maltraite la une de Charlie et boycotte une lettre de soutien à sa rédaction. Cette évolution, qui est une abdication, nous attriste et nous fait honte".