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Diffusée du lundi au jeudi en deuxième partie de soirée sur France 5, "C ce soir", animé par Karim Rissouli, présente d’incontestables similitudes avec "Ce soir ou Jamais", présenté de 2006 à 2016 par Frédéric Taddei. Mais le journaliste, invité d’Europe mercredi matin, revendique aussi des différences.
INTERVIEW

C ce soir,la nouvelle émission diffusée du lundi au jeudi en deuxième partie de soirée sur France 5, aurait-elle des faux airs de Ce soir au jamais, l’émission culte présenté par Frédéric Taddei entre 2006 et 2016, sur France 3 puis sur France 2 ? L’horaire et les jours de diffusion, le titre, mais aussi le générique, peuvent le laisser penser. Et Karim Rissouli, invité mercredi de Culture Médias, sur Europe 1, a assumé une certaine "filiation". Mais le journaliste a aussi tenu à marquer sa différence.

Les ressemblances, d’abord. "La similitude, pour le coup, c'est la présence des intellectuels. C'est leur place de venir chez nous comme c'était leur place de venir chez Frédéric Taddeï", explique Karim Rissouli. "Il a aussi déniché pas mal de jeunes talents, des penseurs qu'on ne connaissait pas et ça, on va essayer de le faire nous aussi. Parce qu'il y a l'invité principal, qui est souvent une sommité, mais il y a aussi d'autres débatteurs qui vont venir.  On se place dans cette filiation-là. Même si chez Taddeï, il y avait 6, 7 ou 8 invités et qu’aujourd'hui, en temps de Covid, ce n’est pas simple."

"Une filiation entre Ce soir ou jamais et C Politique"

Les différences seront surtout flagrantes sur la forme. "Surtout, il n’y avait pas de bande de chroniqueurs. On est davantage un magazine, là où chez Frédéric Taqddei, c’était vraiment un débat pur jus", rappelle le journaliste. "Donc on se place davantage dans une filiation qui est entre Ce soir ou jamais et C Politique, qu'on fait le dimanche soir." Pour appuyer son propos, Karim Rissouli cite "La preuve par trois", un sujet diffusé chaque soir sur un point clé de l’émission.

Cela dit, il y aura tout de même des débats dans C ce soir. Mais Karim Rissouli souhaite qu’il n’y ait pas d’invectives, comme cela arrivait régulièrement chez Frédéric Taddei, où le célèbre "Taisez-vous" d’Alain Finkielkraut est par exemple resté dans les mémoires.

"Montrer qu'on peut ne pas mettre de gants de boxe, ne pas se cracher dessus, ne pas s'invectiver"

"Non, pas de ça chez nous", tranche Karim Rissouli. "Après, il faut qu'il y ait de la passion aussi. Je ne peux pas dire qu'il n'y aura jamais de ça chez nous parce que je pense que le ‘Taisez-vous’ de Finkelkraut, Frédéric Taddei ne l’avait pas forcément imaginé avant l'émission. Donc, pour l'instant, on met en place cette émission et il faut qu'il y ait de la passion. Mais lundi, on a reçu Vanessa Springora (autrice de Le Consentement, ndlr), et je n'avais pas envie de mettre face à elle quelqu'un qui allait défendre Gabriel Matzneff. Ce n'est pas mon propos et ce n'est parce que j'ai envie de faire à la télévision."

Et l’animateur de préciser sa vision du débat, à l’heure de l’omniprésence des clashs et des positions tranchées à la télévision. "La différence qu'on va essayer d'installer, c'est justement de montrer qu'on peut ne pas mettre de gants de boxe, ne pas se cracher dessus, ne pas s'invectiver, et réussir à échanger intelligemment", affirme Karim Rissouli. "Je préfère les échanges d'idées, d'ailleurs, que le terme de débat qui est un peu galvaudé. Alors que je trouve que c’est un très beau mot. Etienne Klein, un philosophe des sciences dit : ‘débattre, c’est argumenter pour ne pas se battre’. Si ça pouvait être le mantra de l'émission, j’en serais très heureux."