Affaire PPDA : sept victimes témoignent à visage découvert dans "Libération"

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Louise Bernard avec Alexis Patri
Huit des 23 femmes entendues par la police affirment dans le journal "Libération" avoir été harcelées, agressées sexuellement ou violées par le journaliste Patrick Poivre D'Arvor. Sept d'entre elles témoignent à visage découvert, avec nom et photo. Une réponse à celui qu'elles accusent et qui regrettait l'anonymat des témoignages.

Il voulait des noms et des visages. Elles font mardi la Une de Libération. Huit femmes témoignent dans le quotidien et expliquent avoir subi du harcèlement sexuel, des agressions sexuelles ou des viols de la part du journaliste Patrick Poivre D'Arvor, ancienne star du 20 heures de TF1. Les visages de quatre d'entre elles apparaissent en première page, accompagnés du titre "Affaire PPDA : elles accusent". À l'intérieur du journal, elles sont sept sur huit à témoigner à visage découvert, avec leur nom et leur photo. 

Les huit femmes décrivent précisément comment les faits de harcèlement sexuel, agression sexuelle et viol se seraient déroulés. La plupart décrivent un déroulement similaire, après le journal du 20 heures, dans le bureau du présentateur dans les locaux de TF1. Elles font toute partie des 23 femmes à avoir témoigné devant les enquêteurs de la police, il y a quelques mois.

Une réponse au présentateur

L'enquête préliminaire a dû être classée sans suite, car la quasi-totalité des faits dénoncés sont prescrits. Pour Florence Porcel, qui a porté plainte pour viol et dont les faits ne sont pas prescrits, les éléments recueillis n'ont pas permis de confirmer catégoriquement ses propos. D'après Libération, la journaliste s'apprête à déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, afin de rouvrir l'enquête. 

Si ces femmes témoignent aujourd'hui à visage découvert dans la presse, c'est en réponse à l'interview de Patrick Poivre D'Arvor dans l'émission Quotidien, en mars dernier. L'ancienne vedette du 20 heures avait regretté que les témoignages soient "uniquement de l’anonymat, toujours de l’anonymat". "Jamais une personne qui ose venir, les yeux dans les yeux, me dire 'Non, ce n’était pas bien'",  avait-il indiqué face à Yann Barthès.

"Un prédateur sexuel abusant de sa notoriété"

Huit des 23 femmes ont donc décidé de décrire longuement au journal Libération, comme elles l’ont fait aux policiers il y a quelques mois, les violences sexuelles qu'elles auraient subies. Le quotidien rapporte que, dans le rapport final de la police, l'enquêteur aurait conclu : "Ces témoignages décrivent Patrick Poivre d’Arvor comme un prédateur sexuel abusant de sa notoriété et usant d'un mode opératoire similaire dans l'approche de ses victimes et dans la brutalité de ses actes, commis sans la moindre tentative de séduction, ni la moindre considération envers les femmes qui osaient refuser ses avances".

Patrick Poivre D'Arvor a été contacté par le journal, à qui il a rappelé qu'une décision de justice "favorable" lui avait été donnée. Il dénonce la publication de cet article en parlant de "tentative de contournement médiatique d'une décision d'ordre judiciaire qui [lui] semble regrettable, inquiétante et dangereuse".