La fin de la téléréalité a-t-elle sonné ?

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avec Mathieu Charrier , modifié à
ENQUETE - Emissions déprogrammées, audiences en berne : le genre est-il condamné ?

Il y a quinze jours, TF1 déprogrammait l’émission Carré Viiip, faute d’audience, moins de deux semaines seulement après le lancement de l’émission. Mardi, la chaîne a aussi décidé de suspendre son émission de téléréalité de l’été, qui devait être produite par Alexia Laroche Joubert. Deux échecs qui vont coûter très cher à TF1, qui compte beaucoup sur les émissions de téléréalité pour attirer les annonceurs.

Ainsi, d’après les informations d’Europe 1, la régie publicitaire de la chaîne a dû rembourser un million d’euros à ses annonceurs après la déprogrammation de Carré Viiip. Un chiffre qui s’explique par le fait que TF1 a vendu trop cher ses spots de publicité, et a dû rembourser les annonceurs déçus, jusqu’à un quart de ce qu’ils avaient payé.

"Le marché publicitaire a eu tendance à suivre sur ce concept assez innovant, c'est beaucoup d'argent et TF1 manifestement ne peut pas se le permettre", analyse Philippe Nouchi, directeur expertise média de l'agence Rigode, au micro d’Europe 1.

Un mauvais signal qui a des conséquences importantes, puisque l'action de la chaîne a perdu plus de 4% cette semaine.

Des tentatives de sauvetage

Ces échecs à répétition de la téléréalité viennent s’ajouter aux audiences très décevantes de Familles d’explorateurs, émission présentée par Denis Brogniart., et diffusée le vendredi sur TF1.

En interne, on s’active pour revisiter ce nouveau concept, en remontant tous les épisodes, pour essayer de les rendre un peu plus dynamiques. Et puis on utilise d’autres méthodes, comme faire fuiter des séquences présentées comme censurées par TF1.

Par exemple, cet extrait d’une dispute "dévoilé" cette semaine sur la Toile :

Autre moyen utilisé : les "stimulis". Un "métier" de la téléréalité, qui consiste à stimuler les candidats pour que l'ambiance ne retombe jamais. En coulisses, on organise des soirées, on fait se rencontrer des candidats pour favoriser un couple, ou on "met le bazar" dans un autre. Un ressort classique de la téléréalité d’enfermement, qui ne semble pourtant plus fonctionner.

Vers des docu-réalité

Car c’est bien la téléréalité d’enfermement, apparue en France en 2001 avec Loft Story sur M6, qui connaît un essoufflement.

M6, d’ailleurs, a déjà abandonné le genre et mise sur ce qu'on appelle le docu-réalité, comme Un Dîner presque parfait ou Maman cherche l’amour. C’est aussi le genre qu’a choisi France Télévisions pour sa première émission de téléréalité, Une semaine sans les femmes, diffusée le 8 mars dernier.

Reste que chez Endemol, on prépare la cinquième saison de Secret Story, qui doit être diffusée à la rentrée sur TF1. Claude Lacaze, le directeur général adjoint d’Endemol France, se montre un peu agacé quand on lui prédit la fin du genre. "Si TF1 ne croyait plus à téléréalité d’enfermement, elle n’aurait pas annoncé qu’elle travaillait sur la saison 5 de Secret Story", argumente-t-il au micro d’Europe 1.

Selon lui, la question "se posera après" Secret Story. Réponse donc à l’issue de cet ultime test…