Vote sur le génocide arménien : un "test d'amitié" entre Ankara et Berlin

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avec AFP , modifié à
Le Premier ministre turc continue de faire pression sur l'Allemagne, à quelques heures du vote sur la reconnaissance du génocide arménien.

Le vote au Bundestag sur une résolution reconnaissant le génocide des Arméniens, que nie catégoriquement la Turquie, constituera "un véritable test de l'amitié" entre Ankara et Berlin, a déclaré jeudi le Premier ministre turc, quelques heures avant le vote.

Un écran de fumée pour Ankara. "Ce texte ne veut rien dire pour nous (...) et il constituera un véritable test de l'amitié" entre les deux pays, a indiqué Binali Yildirim lors d'un discours à Ankara. "Certains pays que nous considérons comme amis, lorsqu'ils éprouvent une détresse en politique intérieure, tentent de divertir l'attention. Ce texte en est l'exemple", a estimé Binali Yildirim lors d'une réunion de son parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir.

"Pas le droit de décevoir" la communauté turque. Le chef du gouvernement turc s'est gardé de menacer l'Allemagne de rétorsions politiques ou économiques mais a tenu à rappeler que "3,5 millions de Turcs vivent en Allemagne et contribuent très activement à l'économie". "Nos amis allemands n'ont pas le droit de décevoir une telle communauté", a prévenu Binali Yildirim. Le projet de résolution parlementaire allemande est proposé par les groupes parlementaires de la majorité - les conservateurs de la CDU/CSU et le SPD - ainsi que par celui des Verts, formation de l'opposition. Il a toutes les chances d'être adopté malgré les pressions. La Turquie a dans le passé réagi à l'adoption de tels textes par des pays européens en rappelant temporairement ses ambassadeurs en poste dans ces capitales.

Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique à la fin de l'Empire ottoman. Nombre d'historiens et plus de vingt pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu un génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il s'agissait d'une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.