Visite à haut risque pour le pape François en Afrique

pape François
Le pape François © MANDEL NGAN / AFP
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Virginie Riva et M.B.
SÉCURITÉ - Le souverain pontife se rend à partir de mercredi dans trois pays africains, dont la Centrafrique, théâtre d'une guerre civile depuis deux ans.

C'est probablement le voyage le plus risqué depuis le début de son pontificat. Le pape François se rend ce mercredi en Afrique, où il restera cinq jours, passant par le Kenya, l'Ouganda puis la Centrafrique. Et ce n'est pas le programme chargé (une vingtaine de discours) du souverain pontife qui suscite des inquiétudes, mais bien sa sécurité.

Des débordements à craindre en Centrafrique. Le Kenya et l'Ouganda sont en effet marqués par des attaques terroristes, comme la tuerie de Garissa, qui avait fait 148 morts en avril, ou l'attaque du centre commercial Westgate à Nairobi en 2013, au cours de laquelle 67 personnes avaient perdu la vie. Mais c'est la dernière étape, en Centrafrique, les 29 et 30 novembre, qui donne le plus de sueurs froides aux organisateurs. Le pays est en effet déchiré depuis 2013 par une guerre civile entre milices musulmanes et groupes à majorité chrétienne. Des déplacements en papamobile découverte dans les rues terreuses de Bangui, où des milliers de croyants venus de pays voisins sont attendus, font donc craindre des débordements entre communautés.

La France inquiète. La France, qui a déployé 900 militaires dans le pays dans le cadre de l'opération Sangaris, sera chargée de la sécurité du pape. Et elle a tout fait pour dissuader le souverain pontife de venir, allant jusqu'à proposer comme alternative un passage éclair à l'aéroport de Bangui, totalement sous contrôle. Mais le pape François n'en démord pas. Il veut faire de ce voyage un symbole en ouvrant une "porte sainte" à Bangui, dix jours avant le début officiel, à Rome, du "Jubilé de la miséricorde", une année sainte très importante dans le monde catholique. Le souverain pontife a prévu de se rendre notamment dans un camp de réfugiés et dans la mosquée centrale de la capitale pour y rencontrer la communauté musulmane.

L'ONU en renfort. Face à ce défi sécuritaire, et alors que la France ne souhaite pas renforcer ses effectifs militaires, l'ONU, qui a déjà 12.000 hommes sur place, en déploiera 300 de plus. Des changements de programme de dernière minute ne sont pas à exclure. La décision finale repose sur le monsieur sécurité du Vatican, sur place depuis 5 jours pour évaluer la situation.