Volodymyr Zelensky est prêt à discuter de la neutralité de l'Ukraine. 0:56
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avec AFP
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré dimanche, dans une interview à des médias russes, que la question de la "neutralité" de l'Ukraine, l'un des points centraux des négociations avec la Russie pour mettre fin au conflit, était "étudiée en profondeur". "Nous sommes prêts à l'accepter", a-t-il notamment déclaré.

La question de la "neutralité" de l'Ukraine, l'un des points centraux des négociations avec la Russie pour mettre fin au conflit, est "étudiée en profondeur", a assuré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une interview à des médias russes. Une des clauses des négociations porte sur "les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat", une exigence de Moscou, a-t-il déclaré dans cet entretien en ligne diffusé sur la chaîne Telegram de l'administration présidentielle ukrainienne.

"Nous sommes prêts à accepter" la neutralité

"Nous sommes prêts à l'accepter", a-t-il poursuivi. "Ce point des négociations(...) est en discussion, il est étudié en profondeur", a-t-il assuré. "Mais je ne veux pas que ce soit encore un papier du style des mémorandums de Budapest", a ajouté le président, en référence à des accords signés par la Russie en 1994 garantissant l'intégrité et la sécurité de trois ex-républiques soviétiques, dont l'Ukraine, en échange de l'abandon des armes nucléaires héritées de l'URSS.

L'accord entre les deux belligérants devra être "obligatoirement ratifié par les parlements des pays garants", a souligné Volodymyr Zelensky, répétant qu'il serait soumis à un référendum. Le chef de l'Etat ukrainien a par ailleurs déclaré qu'une victoire pour l'Ukraine serait que les troupes russes "se retirent dans" les territoires séparatistes. Le président Zelensky a appelé à "revenir là où tout a commencé, et de là, nous essayerons de résoudre la question du Donbass".

Éviter une "Troisième Guerre mondiale"

"Nous comprenons qu'il est impossible de libérer complètement le territoire, de forcer la Russie. Cela mènerait à la Troisième Guerre mondiale, je le comprends parfaitement et je m'en rends compte", a-t-il dit, indiquant par ailleurs qu'"environ 20.000 personnes" étaient mortes depuis le début du conflit. "Je pense qu'on peut mettre fin rapidement à la guerre, et que c'est (le président russe Vladimir) Poutine et son entourage qui font traîner les choses", a-t-il estimé.

"Nous devons nous mettre d'accord avec le président de la Fédération de Russie. Mais pour se mettre d'accord, il faut qu'il sorte de là où il est et vienne me rencontrer", a-t-il encore lancé. Des délégations russe et ukrainienne vont se retrouver en début de semaine en Turquie pour un nouveau round de négociations en présentiel, ont annoncé dimanche l'un des négociateurs ukrainiens, David Arakhamia, et le négociateur en chef russe Vladimir Medinski.

Les négociations se tiendront en Turquie

La présidence turque a indiqué pour sa part dimanche soir que ces négociations se tiendraient à Istanbul. Une séance de négociations russo-ukrainiennes en présentiel avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères et à l'invitation d'Ankara, sans déboucher sur des avancées concrètes. Depuis, les discussions se sont poursuivies par visioconférence, jugées "difficiles" par les deux camps.

"Le processus de négociation est très difficile", déclarait encore vendredi le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba. Il avait nié tout "consensus" avec Moscou, alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait assuré un peu plus tôt que Russes et Ukrainiens étaient d'accord sur quatre points de négociation sur six.

Les sites des médias d'opposition bloqués

Volodymyr Zelensky s'exprimait dans un entretien en visioconférence, qui a duré plus d'une heure et demie, avec des journalistes de la chaîne de télévision d'opposition Dojd, du site indépendant Meduza - dont les sites ont été bloqués en Russie - et du quotidien Kommersant. En Russie, le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a intimé dans un communiqué aux médias russes de ne pas publier cet entretien et indiqué qu'une enquête était ouverte contre ceux qui avaient participé à l'interview.