Le pape François 1:06
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Antonino Galofaro, avec AFP , modifié à
Le pape François a appelé dimanche à "faire taire les armes" en Ukraine, en proie à une "guerre insensée", lors de son traditionnel message de Noël au Vatican au cours duquel il a de nouveau évoqué la "troisième guerre mondiale". Il s'est exprimé devant des milliers de fidèles massés sur la place Saint-Pierre de Rome.

Le pape François a appelé dimanche à "faire taire les armes" en Ukraine, en proie à une "guerre insensée", lors de son traditionnel message de Noël au Vatican au cours duquel il a de nouveau évoqué la "troisième guerre mondiale". "Que notre regard se remplisse des visages de nos frères et soeurs ukrainiens qui vivent ce Noël dans l’obscurité, dans le froid ou loin de chez eux, à cause des destructions causées par dix mois de guerre", a déclaré le pape argentin devant des milliers de fidèles massés sur la place Saint-Pierre de Rome, dont certains agitaient des drapeaux ukrainiens.

"Les vents de la guerre continuent à souffler le froid sur l'humanité"

"Que le Seigneur nous rende prêts à des gestes concrets de solidarité pour aider ceux qui souffrent, et qu’il éclaire l’esprit de ceux qui ont le pouvoir de faire taire les armes et de mettre fin immédiatement à cette guerre insensée !", a déclaré le souverain pontife, qui plaide inlassablement pour la paix depuis l'invasion du pays par Moscou en février.

"Malheureusement, on préfère écouter d'autres arguments dictés par les logiques du monde", a regretté le chef spirituel de l'Eglise catholique, constatant "avec tristesse que les vents de la guerre continuent à souffler le froid sur l'humanité".

Avant de prononcer la bénédiction "Urbi et Orbi" ("à la ville et au monde"), le pape s'est livré comme à son habitude à un tour d'horizon des conflits dans le monde, citant dix pays touchés par les violences ou les tensions, qu'il a décrits comme des "théâtres de cette troisième guerre mondiale".

Le pape a pour la première fois cité l'Iran

Parmi eux, l'Afghanistan, le conflit israélo-palestinien, le Yémen, la Syrie, le Myanmar, mais aussi le Liban en proie à une crise économique et sociale inédite et Haïti, où plus de 1.400 personnes ont été tuées dans les violences cette année selon l'ONU.

Pour la première fois, le pape a cité l'Iran, touché par une vague de contestation sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Nées de revendications sur les droits des femmes, les manifestations ont provoqué l'arrestation d'environ 14.000 personnes depuis mi-septembre, d'après l'ONU, et 469 manifestants ont été tués, estime l'organisation Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

Il a également exhorté à ne pas utiliser la nourriture "comme une arme", en référence notamment aux conflits qui touchent la corne de l'Afrique. "Toute guerre provoque la faim et utilise la nourriture elle-même comme une arme, en empêchant sa distribution à des populations qui souffrent déjà", a déploré le jésuite argentin, invitant à s'engager "pour que la nourriture ne soit qu’un instrument de paix."

7.000 personnes présentes à la messe de minuit

Samedi soir, quelque 7.000 personnes ont assisté à la messe de la nuit de Noël présidée par le pape dans la basilique Saint-Pierre, selon le Vatican. Le pape de 86 ans, qui se déplace toujours en fauteuil roulant en raison de ses douleurs au genou, a prié pour les "enfants dévorés par les guerres, la pauvreté et l'injustice", regrettant que "les hommes avides de pouvoir et d'argent consomment leurs proches, leurs frères". Face au "consumérisme", le pontife a invité à "quitter la chaleur de la mondanité" et "retrouver le sens de Noël", plaidant pour une Eglise charitable au service des pauvres.

"C'est très inspirant d'être ici avec tous ces gens, nous sommes heureux et émus de voir le pape, même si nous sommes dehors, et de sentir cette connexion entre nous", a confié à l'AFP Victoria Machado, 19 ans, venue du Mexique avec sa famille. Comme elle, quelque 4.000 personnes n'ayant pas pu avoir de billets ont suivi la célébration sur des écrans géants installés à l'extérieur.