«Tout s'est arrêté d'un coup» : des milliers d'Ukrainiens désormais privés d'école

La question de l'école en Ukraine se pose plus que jamais.
La question de l'école en Ukraine se pose plus que jamais. © FADEL SENNA / AFP
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William Molinié
En Ukraine, 938 écoles et établissements d’enseignement ont été endommagés en Ukraine par des bombardements et 87 ont été complètement détruits, selon la procureure générale. Si à Kiev, la situation sécuritaire s’est améliorée depuis le retrait des forces russes dans la région, l’enseignement est à quasi-totalement à l’arrêt. Y compris à distance. Reportage à Kiev.

Dans les débris de verre et de ferraille, Olga, enseignante de CM1, cherche les stylos, les cahiers et quelques dessins de ses élèves qu’elle pourrait sauver. Son école de Kiev, en Ukraine, a été touchée par un missile le 5 mars dernier. "Je veux pleurer, je veux crier", se désole Olga. "Il y a toute notre âme ici. C’était la classe la plus neuve. Maintenant, regardez, c’est un désastre."

Dans la salle d’à côté, sur le tableau vert, on lit aujourd’hui encore la date du 23 février 2022, celle de la veille du début de la guerre. "L’essentiel, c’est que les enfants soient partis", estime Olga. "Et qu’ils soient sains et saufs. Les connaissances, c’est bien. L’essentiel, c’est la vie."

Sur la route d’un village voisin, Karina, 14 ans, est l'une des rares adolescentes de cette école à être restée dans la région. Elle s’inquiète pour sa scolarité. "Pendant le premier trimestre, j’ai eu de très mauvaises notes", raconte l'adolescente. "Après, j’ai un petit peu rattrapé mon retard. Mais là, tout s’est arrêté d’un coup."

L'école, un symbole en danger

L’absence d’enseignement dans un pays en guerre pourrait presque apparaître comme anecdotique. Au contraire, estime la mère de Karina, le grand nombre d’écoles bombardées, près d’un millier dans tout le pays, est un message très clair des Russes. Elle raconte : "Ils ont détruit beaucoup d’écoles pour que nos enfants ne puissent pas s’élever dans la société, pour qu’ils ne fassent pas d’étude, qu’ils n’aient pas de bon boulot, pour qu’ils n’aient rien."

À 900 kilomètres de là, au nord de Marioupol, la ville ukrainienne de Volnovakha est passée entre les mains des forces séparatistes. Tout en symbole, l’école a repris ce lundi. Sous le regard des soldats armés et au son de l’hymne national russe.