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William Molinié, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Apprécié au début de la guerre par les Ukrainiens, Emmanuel Macron a pourtant vu sa côte de popularité bleue et jaune décroitre en flèche au fil de l'invasion russe. Une chute qu'il doit aux grands espoirs contrariés qu'avaient placés en lui Kiev.
REPORTAGE

"Essayer d’expliquer à des assassins que ce n’est pas bien de tuer les gens." Voilà la définition d'un nouveau verbe apparu il y a quelques semaines dans le vocabulaire ukrainien : "macroner". Un mot qui résume à lui seul l'effondrement de popularité d'Emmanuel Macron sur les terres attaquées par Vladimir Poutine.

Entre hésitations et fausses promesses de Paris face au président Volodymyr Zelensky, "nous sommes très déçus", lâche amer au micro d'Europe 1 Valery Zukin, médecin ukrainien très connu et spécialiste local de la génétique.

"Les Français devraient se souvenir de leur courageux ancêtres"

"La société française doit comprendre qu’en ce moment, les soldats ukrainiens ne défendent pas uniquement l’Ukraine, mais toutes les valeurs de la civilisation. Et si les Russes ne s’arrêtent pas en Ukraine, ils iront jusqu’à l’ouest ! Ils pourraient même atteindre Paris", affirme-t-il. Ironie du sort, quand la guerre a commencé il y a 49 jours, Valery Zukin finissait de lire les Mémoires du général de Gaulle…

Et d'ajouter : "Les Français devraient se souvenir de leur courageux ancêtres. Il ne faut jamais montrer aux Russes que vous avez peur. C’est comme pour les chiens affamés, s’ils sentent que vous êtes effrayés, ils vous croquent."

Pas assez dur sur les sanctions économiques, trop faible sur la fourniture d’armements… 

Pourtant, Emmanuel Macron était populaire au début de la guerre, mais le point de bascule a eu lieu début mars. Pas assez dur sur les sanctions économiques, trop faible sur la fourniture d’armements… On reproche au chef de l'État français d’avoir choisi de garder la discussion ouverte avec Vladimir Poutine. Un reproche partagé notamment par le Premier ministre polonais.

Ce dernier avait en effet déclaré : " On ne débat pas, on ne négocie pas avec les criminels, les criminels doivent être combattus. […] Personne n'a négocié avec Hitler. Est-ce que vous négocieriez avec Hitler, avec Staline, avec Pol Pot". Face à ces critiques, Emmanuel Macron avait dû réagir en les qualifiant de "scandaleuses".

Pour autant, "c’est important pour l’Ukraine que Macron reste le président", glisse au micro d'Europe 1 Stepan, 25 ans.  "Le Pen elle a eu une position très pro-russe. Ce serait évidemment plus difficile de recevoir un soutien de sa part."

"BoJo" a le vent en poupe à Kiev

Et s'il vaut mieux qu'Emmanuel Macron reste président selon les Ukrainiens, il est loin d'être le leader occidental le plus populaire. À Kiev, ce titre revient à… Boris Johnson. Le week-end dernier, le chef du gouvernement britannique a fait une visite surprise dans la capitale ukrainienne pour annoncer une nouvelle aide militaire.

Enfin, ultime signe de la déception engendrée par la position française, aucun média de l’hexagone n’a réussi jusqu’à présent à décrocher une interview exclusive du président pourtant très médiatique Volodymyr Zelensky.