Emmanuel Macron 1:20
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avec AFP / Crédits photo : GONZALO FUENTES / POOL / AFP , modifié à
Lundi à Paris, Emmanuel Macron avait reconnu qu'il n'y avait "pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol". Ce mardi, plusieurs alliés européens de Kiev ont opposé une fin de non-recevoir aux propos du président français. Le Kremlin a jugé de son côté que ce n'était pas dans l'intérêt de ces pays. 

Berlin, Londres et d'autres alliés européens de Kiev ont opposé mardi une fin de non-recevoir aux propos du président français Emmanuel Macron estimant la veille que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait pas "être exclu". Le Kremlin de son côté a jugé qu'il n'était "absolument pas dans l'intérêt de ces pays" d'envoyer des soldats en Ukraine. Le simple fait d'évoquer cette possibilité constituait "un nouvel élément très important" dans le conflit, a ajouté le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, tout en notant qu'il n'y avait "pas de consensus" sur le sujet chez les Occidentaux.

"Ambiguïté stratégique"

Interrogé sur le risque d'un conflit direct entre l'Otan et la Russie, en cas de présence militaire en Ukraine, Dmitri Peskov a répondu que "dans ce cas, nous ne devrions pas parler de probabilité, mais d'inévitabilité". Lundi à Paris, Emmanuel Macron avait reconnu qu'il n'y avait "pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol". "Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre", a-t-il ajouté, disant "assumer" une "ambiguïté stratégique".

"Beaucoup de gens qui disent 'Jamais, jamais' aujourd'hui étaient les mêmes qui disaient 'Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée' il y a deux ans", a-t-il aussi souligné. Emmanuel Macron s'exprimait à l'issue d'une conférence internationale de soutien à l'Ukraine, organisée à la hâte en France en présence de vingt-sept autres pays, à un moment critique pour Kiev, en attente des armes occidentales nécessaires à sa survie.

"Pas de déploiement à grande échelle"

Le chancelier allemand Olaf Scholz a affirmé mardi qu'"aucun soldat" ne serait envoyé en Ukraine par des pays d'Europe ou de l'Otan : "Ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l'avenir", à savoir "qu'il n'y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l'Otan sur le sol ukrainien". Son ministre de la Défense, Oscar Pistorius, a évoqué "une proposition de réflexion du président Macron que personne n'a apparemment suivie" lundi.

Côté Royaume-Uni, un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak a précisé qu'"un petit nombre" de personnes envoyées par Londres se trouvaient déjà sur place "pour soutenir les forces armées ukrainiennes, notamment en termes de formation médicale", ajoutant: "Nous ne prévoyons pas de déploiement à grande échelle". Madrid n'est "pas d'accord" avec l'idée de "déployer des troupes européennes en Ukraine", selon la porte-parole de l'exécutif espagnol, Pilar Alegria.

Varsovie et Prague ont également opposé une fin de non-recevoir à l'éventualité esquissée par Paris. "On n'envisage pas d'envoyer nos troupes en Ukraine et nous avons sur ce point une position commune" avec la République tchèque, a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk mardi lors d'une conférence de presse avec son homologue tchèque Petr Fiala. Ulf Kristersson, Premier ministre de la Suède qui va très prochainement devenir le 32e membre de l'Otan, a fait valoir qu'"il n'y a pas de demande" côté ukrainien pour des troupes au sol. Donc "la question n'est pas d'actualité", a-t-il insisté, sans toutefois exclure cette possibilité à l'avenir.

"Aucun projet" de l'Otan

Budapest, seule capitale parmi les Vingt-Sept à avoir maintenu des liens étroits avec Moscou après le lancement de l'invasion de l'Ukraine il y a deux ans et qui a bloqué un certain temps une nouvelle aide européenne à Kiev, a sans surprise affiché son opposition à "envoyer des armes ou des soldats en Ukraine" car "il faut mettre fin à la guerre, et non l'approfondir et l'élargir", selon son chef de la diplomatie, Peter Szijjarto. L'Otan aussi a écarté tout envoi de troupes sur le théâtre des opérations. "L'Otan et les Alliés apportent une aide militaire sans précédent à l'Ukraine. Nous l'avons fait depuis 2014 et nous sommes passés à la vitesse supérieure après l'invasion russe à grande échelle. Mais il n'y a aucun projet de troupes de combat de l'Otan sur le terrain en Ukraine", a confié mardi un responsable de l'Alliance à l'AFP.

Depuis qu'il a reçu le président ukrainien Volodymyr Zelensky mi-février à l'Elysée pour signer un accord de sécurité bilatéral, Emmanuel Macron peint un tableau très sombre des intentions de Vladimir Poutine et tente de se positionner en première ligne de l'appui apporté à Kiev. Au sein de la classe politique française, l'éventualité d'envoyer des troupes en Ukraine a soulevé un tollé chez les oppositions, de la gauche radicale à l'extrême droite en passant par les socialistes et la droite.